Berlin accueille une conférence internationale sur la Libye
14 janvier 2020La conférence de Berlin aura lieu sous l’égide des Nations unies, en présence de l’Union africaine et d’une dizaine de pays.
Les deux hommes forts de la Libye, le Premier ministre Fayez al-Sarraj et le maréchal Khalifa Haftar, sont également invités aux discussions de ce week-end. Mais leur présence reste encore un vaste point d'interrogation, d'autant que le maréchal Haftar a refusé de signer un accord de cessez-le-feu qui avait été accepté par le Gouvernement d’union nationale de Fayez al-Sarraj.
Le chaos libyen
La guerre que se livrent les deux hommes contribue à entretenir le chaos dans un pays qui vit dans la guerre civile depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Sacha Petiot, chef de mission de Médecins sans frontières en Libye pointe du doigt une situation délétère.
"On s’occupe particulièrement des populations migrantes, puisqu’elles elles sont extrêmement vulnérables en Libye. Il y a un manque cruel de protection, on parle de trafic humain, on parle d’exploitations ou encore d’abus. Du côté de Misrata, où nos équipes sont présentes aussi, il y a eu pas mal de bombardements ces derniers jours. La Libye reste extrêmement fractionnée, divisée, avec une présence de milices très importante. Ce qui fait qu’il est extrêmement difficile de contrôler et de mener à bien des politiques au niveau national."
L'influence allemande insuffisante
L’Association des peuples menacés est présente en Afrique du Nord. Elle suit de près la situation en Libye depuis plusieurs années. "On ne peut presque plus parler d’un pays. Il y a probablement tous les problèmes qu’on peut s’imaginer", analyse Ulrich Delius, le président de cette association des droits de l’Homme. Il doute cependant que la conférence de Berlin ait un réel impact sur la situation.
Les intérêts de Berlin en Libye sont peu visibles, sinon inexistants. Si l’Allemagne a besoin d’un gouvernement stable à Tripoli, Christian Tomuschat, professeur de droit public à l’université Humbolt de Berlin, estime que l’influence du gouvernement allemand est sans doute insuffisante pour faire bouger les lignes :
"De quelle manière pourrait-on faire pression sur les parties qui sont impliquées ? Nous avons très peu de moyens d’influence. Et nous n’avons pas de très grandes relations commerciales avec la Libye. C’est donc très difficile".
La bonne nouvelle reste toutefois que les pays les plus influents tels que la Russie, la Turquie ou encore l’Italie et la France ont annoncé qu’ils seront présents à Berlin.