L'Allemagne affine sa stratégie diplomatique en Libye
9 janvier 2020La crise libyenne a connu un nouveau rebondissement avec la Turquie qui a envoyé des formateurs militaires sur place pour soutenir le pouvoir à Tripoli. Cette initiative est critiquée par les Européens, y compris l'Allemagne qui redoute une escalade militaire dans ce pays. Pour trouver une solution, Berlin s'efforce en effet depuis plusieurs semaines d'organiser une conférence diplomatique. Le "processus de Berlin" est soutenu pour l'instant par le Gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez el-Sarraj.
Khalifa Haftar absent ?
Le général Khalifa Haftar, qui contrôle l'est du pays, n'a pas annoncé qu'il participerait à cette conférence dont l'idée a été lancée à la fin de l'année 2019.
Mais cette conférence permettra juste de préparer le terrain pour un accord de paix. Ce que confirme Jürgen Hardt, expert de politique étrangère au sein de la CDU, le parti de la chancelière Angela Merkel. Il espère que "la chancelière (Angela Merkel, ndlr) va discuter du sujet libyen à Moscou avec le président russe Vladmir Poutine, pour savoir si la Russie, en tant que membre du Conseil de sécurité, est prête à soutenir la paix en Libye".
Pour Jürgen Hardt, cette conférence sera "un grand succès diplomatique, un autre pas avant d'arriver à la paix. Le problème est tellement grave que chaque effort est important. La chancelière va jouer sa partition pour cela, grâce à son poids politique".
Le SPD soutient Angela Merkel
Les sociaux démocrates, partenaires de coalition de la chancelière allemande épousent l'idée de faire en sorte que la crise en Libye ne dure pas. L'Allemagne doit jouer un rôle de premier plan, pense Fritz Felgentreu, expert de politique étrangère au sein du parti social-démocrate.
L'objectif, explique-t-il, "est de faire en sorte qu'il n'y ait pas en Libye une guerre par procuration comme en Syrie avec des conséquences sur la sécurité en Méditerranée, les flux de réfugiés, la souffrance de la population libyenne. L'Allemagne doit parer à cela à travers la négociation. Nous devons parvenir à un Etat qui fonctionne en Libye. Nous y avons intérêt car la Libye est pour ainsi dire notre voisin".
La conférence de Berlin va intervenir alors que sur cette question, l'Europe est encore divisée avec des pays qui soutiennent Fayez el-Sarraj ou Khalifa Haftar.
L'objectif de l'Allemagne est donc de réunir tous les Etats impliqués dans la crise, dont la Russie et la Turquie sont devenues deux acteurs clés qui semblent pour l'instant soutenir l'initiative diplomatique allemande.