Les Maliens agacés par l'instabilité politico-militaire
26 mai 2021Adam Dicko, directrice de l’Association des jeunes pour la citoyenneté active et pour la démocratie au Mali, l’AJCAD, s’agite devant la Bourse du travail de Bamako.
Alors que le président malien Bah N’Daw et son Premier ministre sont encore entre les mains des militaires, elle souhaite faire passer un message à la junte.
"Nous pensons que la place des militaires, c’est au front. Et pas dans les postes politiques ou dans les bureaux climatisés à Bamako. Vous ne pouvez pas comprendre que les autres forces étrangères sont au Mali pour aider les Maliens, pour aider le Mali à chasser les djihadistes, pendant que nos militaires sont à Bamako, en train de se battre pour des postes ministériels", s'indigne-t-elle.
Ils n’étaient pas nombreux à être descendus dans la rue ce mardi 25 mai. C’est bien plus sur les réseaux sociaux que la mobilisation semble se faire.
Le hashtag #Wuli, "Debout" en langue bambara, souvent accompagné du slogan "Non au putsch au Mali", a déjà été partagé des milliers de fois sur Twitter.
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Les raisons du putsch
Ce qui n’a pour autant pas empêché le colonel Assimi Goïta, vice-président de la transition et chef des putschistes d’août 2020, d’annoncer la destitution du président et du Premier ministre, par la voie de son conseiller spécial le commandant Baba Cissé.
"Le vice-président de la transition s’est vu dans l’obligation d’agir, pour préserver la charte de transition et de défendre la République, en vue de mettre hors de leur prérogative le président et le premier ministre, ainsi que toutes les personnes impliquées dans cette situation" dit le communiqué publié ce mardi.
La raison ? L’éviction de deux militaires de la junte de leur portefeuille, à la sécurité et à la défense, sans que le vice-président soit consulté.
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Mais, à l’origine de cette destitution, le remaniement ministériel du gouvernement de Moctar Ouane, qui, je cite, "s’est montré incapable de constituer un interlocuteur fiable, susceptible de mobiliser la confiance des partenaires sociaux ".
Ce que reconnaît Boubacar Keïta, jeune entrepreneur, sans pour autant excuser ce "coup dans le coup d’Etat".
"Actuellement l’UNTM est en grève mais ils ont leur raison. C’est bien vrai que l’état du pays est très critique, mais l’UNTM est dans ses droits et nous les soutenons dans ce sens", affirme Boubacar Keïta.
L’UNTM, la principale centrale syndicale du pays a cependant décidé mardi soir de suspendre son mouvement de grève, au regard de la situation.
Le médiateur de la Cédéao, l'organisation régionale ouest-africaine, Goodluck Jonathan, est arrivé mardi dans la capitale malienne. Il va tenter d'endiguer cette nouvelle crise politique déclenchée par l'arrestation du président et du Premier ministre de la transition.