Les filles afghanes privées d'école par les talibans
23 mars 2022Les Afghanes scolarisées dans le secondaire étaient privées de cours depuis environ un an. D'abord, à cause de la pandémie de Covid-19, qui avait poussé l'ancien gouvernement à fermer tous les établissements scolaires, puis sur ordre des talibans revenus au pouvoir.
Ce mercredi matin, des groupes d'élèves, toutes en joie, sacs et livres à la main, sont donc arrivées dans leurs écoles, dans la capitale Kaboul et dans plusieurs provinces du pays, avec l'espoir de débuter enfin une nouvelle année scolaire.
Une joie qui n’aura pas duré. Les larmes aux yeux, des milliers de filles sont rentrées chez elles après avoir passé seulement quelques heures dans leurs collèges et lycées enfin rouverts, puis subitement refermés par les talibans.
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Dissensions au sein des talibans
Comment comprendre donc cette volte-face des talibans ? Hasni Adibi est le directeur du Centre d'études et de recherches sur le monde arabe et méditerranéen (CERMAM). Pour lui, les talibans seraient divisés sur la question.
" Il y a une certaine division au sein des talibans. Il y a plusieurs courants. Cette volte-face traduit le cafouillage au sein du mouvement concernant le droit à l'accès à l'éducation. Il y a aussi une baisse d'attention de la part de la communauté internationale puisque les priorités sont ailleurs. Les positions radicales sont en train de l'emporter sur les positions plus ouvertes à l'intérieur du mouvement des talibans", estime l'analyste.
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L'ONU déçue
Cette rentrée des filles dans le secondaire suivait celle des garçons, ainsi que des filles dans le primaire. Celles-ci avaient été autorisées à reprendre les cours, deux mois après la prise de Kaboul par les talibans en août dernier.
L'Onu a fait part de sa déception et de sa "profonde frustration" après la fermeture des collèges et lycées pour les filles.
"Je partage la profonde frustration et la déception des lycéennes et des étudiantes afghanes empêchées de retourner à l'école aujourd'hui", a réagi la Haut-Commissaire de l'Onu aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, dans un communiqué.
La responsable onusienne avait prévenu en août dernier les talibans que le traitement des femmes constituait une "ligne rouge".
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Les femmes exclues...
Depuis sept mois qu’ils sont au pouvoir, les talibans ont imposé plusieurs restrictions aux femmes. Elles sont exclues de nombreux emplois publics, subissent des interdictions vestimentaires et ne peuvent pas voyager seules.
La communauté internationale a fait du droit à l'éducation pour tous une condition à l'aide et la reconnaissance du régime islamiste. Plusieurs pays et des organisations ont même proposé de rémunérer les enseignants.
Les islamistes ont aussi arrêté et détenu plusieurs militantes qui avaient manifesté pour les droits des femmes.