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Les Européens plus divisés que jamais sur la migration

Karin Bensch | Sandrine Blanchard
28 juin 2018

Malgré un nombre d'arrivées à la baisse, la politique migratoire reste au cœur de discussions houleuses entre les Etats de l'Union européenne et un sujet crucial du sommet européen de jeudi et vendredi à Bruxelles.

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Libyen Migranten auf dem Mittelmeer
Image : picture alliance/AP Photo/O. Calvo

2015 a été l'année du choc migratoire en Europe avec notamment plus d'un million et demi de réfugiés qui sont arrivés en Allemagne. L'année dernière, ils n'étaient plus que 150.000. Malgré cette tendance à la baisse, l'immigration reste un sujet épineux qui divise les 28 Etats membres de l'Union européenne.

Flüchtlinge in Ungarn Zaun Grenzzaun
Image : picture alliance/dpa/S.Ujvari

Europe forteresse

Si moins de demandes d'asile sont déposées en Europe, c'est surtout parce que l'Union européenne a renforcé les contrôles à ses frontières. Avant la "crise des réfugiés", l'Union européenne y consacrait deux milliards d'euros. Dans le nouveau budget prévu à partir de 2021, les sommes allouées aux activités de la police des frontières seront vingt fois plus importantes.

À quoi s'ajoute l'accord entré en vigueur en 2016 avec la Turquie : des fonctionnaires turcs empêchent les migrants de passer en Grèce et donc en Europe, en échange d'une enveloppe de six milliards d'euros qui sert aussi à financer les camps de réfugiés en Turquie.

Türkei Dikili Rückführung von Flüchtlingen Demonstration Aktivisten
Image : Getty Images/AFP/O. Kose

Côté africain, Bruxelles aide les garde-côtes libyens à effectuer des patrouilles en mer.

Délocaliser le problème

L'idée d'ouvrir des camps de réfugiés dans des pays tiers, en Serbie, en Albanie et dans certains Etats africains comme le Maroc ou le Niger fait son chemin. Ce dont s'inquiète l'eurodéputée SPD Birgit Sippel.

Celle-ci se demande : "Qui va se charger d'étudier les demandes d'asile dans ces camps ? Des fonctionnaires allemands ? français ? Qui seront en mission aussi loin pendant trois ans ? Et après ? Si une demande d'asile est acceptée, quel pays accueillera la personne ? Cette idée, c‘est vraiment de la poudre aux yeux. Et je crains qu'en fait on cherche à éloigner ceux qu'on ne veut pas voir, et qu'on les oublie quand ils seront parqués loin d'ici."

Schwimmweste im Meer Griechenland Türkei
Image : picture-alliance/AP Photo/L.Pitarakis

Et les droits de l'Homme dans tout ça ?

La sociale-démocrate préfèrerait que les centres d'accueil soient installés en Europe, comme il en existe en Grèce ou en Italie, mais pas des centres fermés dans lesquels on maintiendrait les migrants pendant des mois. "Au nom de quoi emprisonner des gens dont le seul crime est d'avoir voulu fuir la guerre, les persécutions et la torture ?", s'insurge-t-elle.

Daniel Caspary, eurodéputé CDU, souligne pour sa part les progrès effectués en deux ans. "On ne peut quand même pas dire que ce soit le chaos, estime-t-il. "Nous avons réussi à réduire de 90% les arrivées et maintenant, nous discutons de la façon de stabiliser et de renforcer le système global d'accueil."

Les modalités de répartition en question

Parmi les mesures proposées en 2016 pour une nouvelle politique d'asile européenne, il y avait l'harmonisation des conditions d'admission des réfugiés entre les Etats membres. Cinq des sept mesures proposées ont été adoptées par la Commission et le Parlement, mais les Etats européens restent divisés au sujet d'une répartition des migrants sur la base de quotas.

Les défenseurs des droits des migrants dénoncent quant à eux une politique basée essentiellement sur le rejet et qui alimente les discours xénophobes dans la quasi-totalité des Etats européens.

Merkel beim EU-Mini-Gipfel in Brüssel
Image : picture alliance/AA/D. Aydemir

Une Angela Merkel affaiblie

Angela Merkel va essayer au sommet de Bruxelles d'obtenir à tout prix un accord sur la politique d'asile : les discussions de mardi soir avec la CSU, le parti conservateur bavarois qui fait partie de la coalition gouvernementale, n'ont pas permis d'aplanir le différend entre les conservateurs allemands.

La CSU a donné jusqu'à dimanche (1er juillet) pour trouver une solution. Dimanche après-midi, la CSU discutera des propositions de la chancelière. Le ministre CSU de l'Intérieur menace de fermer, à partir de lundi prochain, les frontières allemandes aux demandeurs d'asile enregistrés dans un autre pays européen à leur arrivée. Voire que la CSU se retire du groupe parlementaire commun avec la CDU d'Angela Merkel.