"Le peuple tchadien doit décider de ce qu'il veut"
29 avril 2021Le calme semble revenu au Tchad ce jeudi matin. Mais le bilan des violentes manifestations de mardi (27.04.21) a été revu à la hausse par la junte : elle admet désormais six morts, contre cinq jusqu'à présent. Des associations civiles continuent à parler de neuf victimes.
Des victimes qui manifestaient pour dénoncer la mise en place du Conseil militaire de transition (CMT), dirigé par Mahamat Idriss Déby, le fils du défunt président, Idriss Déby . Ses opposants parlent d'un "coup d'Etat institutionnel" et d'une "succession dynastique".
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Mais dans les rangs du pouvoir, les consultations pour former un gouvernement d'unité nationale se poursuivent, menées par le Premier ministre Albert Pahimi Padaké. Il a deux semaines pour former son gouvernement. Pas de quoi calmer la colère de nombreux habitants du pays.
"C'est au peuple de décider"
"C'est la personnalisation du pouvoir comme elle existe au Tchad, et elle est à la base des problèmes que connaît le pays", estime l'historien, philosophe et politologue camerounais Achille Mbembe. "Ce sont des choses qui arrivent lorsqu'on a tout misé sur l'élévation de quelques hommes forts, au détriment d'un intense travail que requiert la mise en place des institutions", explique-t-il.
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Achille Mbembe craint que la situation ne reste ainsi, tant que "la prime sera accordée à l'élévation d'un ou de deux hommes forts". Il insiste sur le rôle de la société civile. "Il appartient à tous les Tchadiens de dessiner la voie qu'ils veulent et personne ne devrait les empêcher de le faire. Ni l'autorité de facto qui se trouve au Tchad, ni les partenaires étrangers. Le plus important étant que le peuple tchadien soit à même de décider pour lui-même quelle forme de gouvernement il veut, où est-ce qu'il veut aller avec le reste des Africains et le reste de l'humanité", assure Achille Mbembe.