Marches mortelles contre la transition au Tchad
27 avril 2021Ce devaient être des marches pacifiques contre la transition militaire, à N'Djamena et dans le sud du Tchad. Elles ont été réprimées dans le sang ce mardi. Le procureur de la capitale parle d'au moins quatre morts ce mardi soir, son homologue à Moundou d'un mort également. Des ONG annoncent des chiffres encore plus élevés.
À l'origine des manifesations : la désapprobation de nombreux Tchadiens vis-à-vis de la junte militaire au pouvoir. Nombreux sont celles et ceux à exiger son départ.
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Le mouvement Wakit Tama, qui regroupe les partis d'opposition et organisations de la société civile, avait ainsi appeller à descendre dans la rue.
Les intérêts français pris pour cible
Dans la capitale, alors que la marche était initialement prévue à huit heures, heure locale, très tôt déjà, vers cinq heures, la capitale N'Djamena a été réveillée par des concerts de casseroles, de sifflets et de vuvuzelas entendus dans plusieurs quartiers.
Au quartier Gassi, dans la commune du septième arrondissement, plusieurs manifestants ont brûlé des drapeaux français et détruit une station Total de vente de carburants. Les manifestants accusent Paris de soutenir un coup d'Etat militaire au Tchad.
"On ne veut plus que la France s'ingère dans nos problèmes. Il est temps, nous sommes au XXIe siècle, nous ne voulons plus de cette mascarade qu'organise la France", expliquait un manifestant. "On veut plus de cette mise en scène. On ne veut pas de Mahamat Kaka (président du Conseil militaire de transition, ndlr)".
A Paris, le président français Emmanuel Macron a "condamné avec la plus grande fermeté la répression" et appelé à "une transition pacifique, démocratique et inclusive".
"Non à une transmission de pouvoir du père au fils"
Ce mardi, à Moursal, dans la commune du sixième arrondissement, la tension était similaire. En arrivant sur place, on remarque, Marcel et ses camarades, qui ont pris d'assaut l'avenue Kondol avec des pancartes sur lesquelles on peut lire : ‘'Le Tchad n'est pas une monarchie'' et "Non à une transmission de pouvoir du père au fils''.
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Comme ailleurs, les jeunes sont très en colère. "Nous réclamons justice et voulons que ce putain de Conseil militaire de transition de transition disparaisse une fois pour toutes.''
L'armée en renfort
Après près de trois heures de rassemblement, la police nationale, visiblement débordée, a été renforcée par l'armée pour contenir les manifestants. Plusieurs blessés par des tirs à balles réelles ont été évacués dans les hôpitaux. Il y aurait eu également de nombreuses arrestations.
L'opposant Succès Masra, le président du parti Transformateurs qui affirme avoir enregistré des dizaines de blessés dans les rangs de ses militants, qualifie cette répression de barbarie. "Ce pays est en train de devenir ingouvernable", assure-t-il. "La solution, pour sortir de cette situation, c'est de ramener un pouvoir civil et d'arrêter cette transmission de pouvoir dynastique qui ne nous amènera nulle part", estime Succès Masra. "Il faut permettre à ce qu'un dialogue ait lieu pour aboutir à des élections qui permettront à des Tchadiens de choisir ceux qui vont les diriger". Il dénonce les tirs à balles réelles : "Cela dit quel niveau la barbarie a atteint ! Mais la détermination est là, les Tchadiens sont debout et nous allons y arriver".
Dans une déclaration prononcée ce mardi, le chef de la junte militaire, le général Mahamat Idriss Déby, a ignoré les exigences de la contestation en cours. Il a appelé les Tchadiens à l'unité pour préserver la paix et promis "un dialogue national inclusif" durant une période de transition de 18 mois.