Le Gabon étudie des critères d'ascendance pour la présidence
25 septembre 2024Au Gabon, les députés et sénateurs de la transition militaire, réunis en assemblée constituante, ont achevé l'examen du projet de Constitution. Parmi les nouvelles dispositions envisagées : des critères plus stricts pour les candidats à la présidence, qui devront désormais prouver qu'ils sont non seulement de nationalité gabonaise, mais aussi issus de parents et grands-parents exclusivement gabonais.
Plus encore, l'époux ou l'épouse du candidat devra également répondre à ces critères d'ascendance.
"Recul démocratique"
Ces exigences suscitent des débats houleux dans la société gabonaise. Roy Atiret Biye, journaliste et observateur politique, constate qu'"au final on va aboutir à une élection présidentielle où, si les uns et les autres se sentent lésés, on aura encore le sentiment de mettre en œuvre une autocratisation électorale, l’autocratisation politique, que nous avons souvent dénoncées."
Le sociologue politique Cyr Pavlov Moussavou note que "cette proposition constitue un véritable recul démocratique en ce sens qu’elle exclut d’emblée une importante frange de compatriotes qui eux aussi veulent servir le Gabon au plus haut niveau."
Les origines de l’ancien président Ali Bongo
Les doutes sur les origines du président déchu Ali Bongo Ondimba expliqueraient cette volonté de s’assurer des origines de celui ou celle qui occupera la plus haute fonction.
Serge Essone, jeune Gabonais de 32 ans, se dit "d’accord avec l’idée selon laquelle le candidat doit être Gabonais de père et de mère, marié à une Gabonaise parce qu’il faudrait qu’on inclue la notion de patriotisme. Il faudrait que les Gabonais puissent être à la tête de leur Etat et de leur administration, afin de pouvoir les gérer eux-mêmes."
Les responsables politiques gabonais ne se sont pas prononcés sur cette question sensible de la nationalité, à l’exception toutefois de l’opposant et ancien Premier ministre Alain Claude Bilie By Nzé, qui a redouté que cette nouvelle mesure divise les Gabonais.
Le texte de la réforme doit encore être adopté en Conseil des ministres, puis soumis au référendum d'ici la fin de l'année.