La police allemande alerte de la montée de l'extrême-droite
22 octobre 2015Le BKA avait recensé au 19 octobre 576 attaques graves contre des foyers hébergeant des demandeurs d'asile en Allemagne, depuis le début de l'année, soit presque trois fois plus qu'en 2014. En règle générale, il s'agit de dégradations matérielles, d'actes de propagande ou d'insultes à caractère raciste. 91 délits de violences ont également été enregistrés.
Surveillance renforcée
La police a déjà interpellé plusieurs personnes et n'exclut pas que des « attentats » soient en préparation. Le BKA s'inquiète aussi de la possibilité d'attaques contre des politiciens tenus responsables par l'extrême-droite de l'afflux de migrants.
Sur les ondes de la radio Deutschlandfunk, le ministre de la justice et de l'intégration du Land de Thuringe, l'écologiste Dieter Lauinger, déplore les derniers rassemblements aux relents xénophobes du mouvement Pegida, dans plusieurs régions d'Allemagne et les attaques contre les foyers d'accueil.
« On a déjà mis en place partout une surveillance des structures d'accueil pour primo-arrivants. Le Land de Thuringe a aussi décidé de rembourser aux communes les frais engendrés par la mise à disposition de policiers pour surveiller les foyers de plus de 50 personnes. Mais on ne peut pas non plus surveiller chaque appartement.»
Galvaniser les mécontents
Point positif, si l'on veut : la police précise que jusqu'à présent, il n'y a pas de coordination, au niveau national, de la violence d'extrême-droite. Les crimes et délits recensés restent des actes isolés.
Toutefois, une formation politique qui a émergé il y a un peu plus de deux ans, l'AfD, regroupe de nombreux mécontents. L'AfD a organisé cette semaine une manifestation lors de laquelle des slogans à la limite de la légalité ont été scandés contre les réfugiés. Et le BKA estime que de nouvelles formes de protestations pourraient se multiplier dans les prochains mois, des blocages aux abords des lieux d'accueil pour demandeurs d'asile par exemple.
Le gouvernement fédéral vient d'annoncer le renforcement d'un programme de prévention de la violence et d'encouragement à l'engagement citoyen contre la xénophobie, un programme déjà doté de 40,5 millions d'euros par an.