Pegida a un an et une popularité croissante
19 octobre 2015On le croyait moribond, mais le mouvement PEGIDA des "Patriotes européens contre l'islamisation de l'occident" connaît un nouveau souffle en Allemagne. Cela fait déjà quelques semaines que les rassemblements attirent de nouveau des milliers de personnes. Leur cheval de bataille, ce sont désormais les réfugiés et les migrants dont l'arrivée massive ces derniers mois entraîne des problèmes d'accueil et l'inquiétude d'une partie de la population - 51% selon un récent sondage.
Radicalisation du discours
Parallèlement, le discours de Pegida s'est radicalisé, à la fois contre les étrangers et la classe politique allemande, accusée de trahison au profit des réfugiés. Et selon le professeur Heinz Budde, sociologue, de plus en plus d'Allemands se retrouvent dans ce discours où se mêlent un sentiment d'abandon et de la jalousie:
"Il y a beaucoup d'amertume au sein de la classe moyenne, et je dirais même qu'il y a une couche d'amertume relativement stable. On parle d'environ 10% de la population. Ce ne sont pas nécessairement des gens au chômage, mais plutôt des gens au niveau d'étude relativement élevé, qui revendiquent même une certaine ouverture, mais qui ont un sentiment profond de mener une vie en deçà de leurs capacités en raison de conditions qu'ils ne peuvent pas eux-mêmes contrôler."
Agressivité croissante
La chancelière allemande a renouvelé son appel à ne pas suivre "ceux qui ont de la haine dans le cœur", mais ces dernières semaines c'est sur elle que se concentrent les critiques de Pegida. Des potences à son effigie et à celle de son vice-chancelier Sigmar Gabriel ont même été portées par des manifestants du mouvement islamophobe. Les autorités allemandes suivent de près ces manifestations d'agressivité qui dépassent parfois le stade du symbole. Une responsable politique a ainsi été agressée au couteau, samedi dernier, en pleine campagne électorale pour la mairie de Cologne, dans l'ouest de l'Allemagne. Henriette Reker a été élue dimanche à la majorité absolue.