La marche des femmes à Abidjan étouffée par la police
21 août 2020Très tôt ce matin, les voies d’accès au boulevard Latrille, dans la commune de Cocody où devait se tenir la marche des femmes de l’opposition, ont été occupées par les forces de l’ordre afin d’empêcher cette marche.
Par petits groupes, les femmes ont convergé vers leur lieu de rassemblement pour manifester leur opposition à la candidature pour le troisième mandat du président sortant.
"Nous sommes venues pour la marche, pour nous débarrasser d’Alassane Dramane Ouattara. Nous sommes fatiguées, nous ne voulons pas de son troisième mandat, c’est pour cela que nous partons marcher. Je n’ai pas peur", a déclaré l'une des manifestantes.
Parmi elles, un jeune homme nous confie qu’il est venu pour aider les femmes.
"Je suis venu soutenir les femmes. J’estime qu’il est de mon devoir et de mon droit de venir au nom de la Constitution qui est bafouée par monsieur Ouattara. Ce monsieur-là, il faut qu’il arrête désormais de nous prendre en otage."
Juste après notre interview, le jeune homme est arrêté par la police. Les femmes qui se sont opposées à son interpellation ont été également emmenées par les forces de l’ordre.
La colère des manifestantes
L'arrestation du jeune homme a provoqué la colère des autres manifestantes sur place : "nous ne voulons plus de Ouattara. Nous ne voulons plus de lui. Troisième mandat de Ouattara, nous n’en voulons plus. Voilà !", a lâché une autre participante.
Sur le boulevard Latrille, dans le périmètre des locaux de la télévision nationale, plusieurs manifestantes ont été arrêtées et leurs téléphones arrachés par les forces de l’ordre.
Les autres manifestantes, pour se protéger de la police, se sont dispersées dans le quartier. Mais un peu plus loin, nous retrouvons l’une des meneuses du mouvement de protestation contre la candidature pour le troisième mandat du président Ouattara.
"Nous disons non à la violation de notre Constitution. Et aujourd’hui, les femmes sont sorties. Mais à notre grande surprise, elles ont été embaquées par ce régime barbare. Nous comptons résister et nous allons continuer ce que nous avons prévu. Dès aujourd’hui, le compte à rebours a commencé", a-t-elle estimé.
L'indigantion des femmes opposantes
Adèle N’Dabian, une des initiatrices de la marche des femmes de l’opposition, ne comprend pas le gouvernement qui, selon elle, interdit les manifestations de l’opposition et autorise celles du camp présidentiel.
"Le Conseil des ministres interdit les marches. Pourtant, eux demain, ils ont une grande manifestation où ils vont tous marcher. Nous avons constaté qu’à chaque fois que nous programmons une manifestation, ils prennent des décrets", a déploré Adèle.
Contrairement aux précédentes manifestations contre le troisième mandat d’Alassane Ouattara, les forces de l’ordre n’ont cette fois pas utilisé de grenades lacrymogènes.
Par contre, les journalistes n’avaient pas le droit de couvrir l’évènement qui s’est déroulé aussi dans d’autres quartiers d’Abidjan et dans plusieurs villes du pays.