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La double peine des proches des victimes de Covid-19

Henri Fotso
18 février 2021

Le décès d’une personne de Covid-19 crée une double douleur : celle d'avoir perdu un être cher et celle de ne pas pouvoir lui organiser des obsèques dignes. Et pas de différence, selon que le défunt est célèbre ou non.

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474 personnes sont mortes au Cameroun du virus Covid-19 selon les chiffres CDC à la date du 17 février 2021.
474 personnes sont mortes au Cameroun du virus Covid-19 selon les chiffres CDC à la date du 17 février 2021.Image : Imago Images/Xinhua/J. P. Kepseu

L’exemple le plus connu est celui du musicien Manu Dibango. Le corps de l’artiste camerounais décédé de la Covid-19 en mars 2020 en France n’a pas pu être inhumé au Cameroun où cette situation crée encore plus de tristesse. Le célèbre musicien a été inhumé en France dans l’intimité.

Dans l'arrondissement de Douala deuxième, au quartier Camp Yabassi, se trouve encore la chambre d'enfance de Manu Dibango. Une partie de sa famille vit toujours là-bas.

Les membres de la famille restent inconsolables de n'avoir pas vu la dépouille de son oncle paternel ou lui organisé des obsèques suivant les rites et coutumes.  

Le musicien Manu Dibango décédé de la Covid-19 en mars 2020 en France
Le musicien Manu Dibango décédé de la Covid-19 en mars 2020 en France Image : Imago Images

"Non, la famille n'a pas encore fait le deuil. Nous sommes vraiment touchés. La Covid-19 est venue nous retirer notre oncle. Nous souhaitons faire son deuil. Et que le gouvernement, l'Etat puisse nous venir en aide", a souhaité Junior Dibango, son neveu.

Elise Lobe, l'épouse du frère aîné de Manu Dibango, se sent désormais seule au monde. Après avoir perdu son mari, c’est désormais Manu Dibango, en qui elle trouvait réconfort depuis des années, qui est parti.

Agée de plus de 80 ans, elle souffre du poids de l'âge et de l'absence d'obsèques camerounaises pour Manu Dibango.

"Manu Dibango a grandi avec mon mari. Ici, à la maison, on reste comme ça, on pleure beaucoup. On n'est pas tranquille parce qu'on a perdu un membre cher."

Le cas de Vermont Duclair

Un autre musicien célèbre, Vermont Duclair Tassé, le nominé des Koras de la musique africaine en 2002, n'a également pas bénéficié des obsèques dignes de l'ethnie bamiléké à qui il appartenait.

"Tout ce qu'il y avait à faire, c'était juste l’enterrer" (Joseph Marie Deballois)

"Il est décédé le 14 novembre. Dès qu’au niveau de l'hôpital on nous a permis de sortir son corps, tout ce qu'il y avait à faire, c'était juste l’enterrer. C'est même après l'enterrement qu'on a annoncé sa mort. On est vraiment affligé parce qu'on n'a pas pu lui rendre hommage. La plupart de ses confrères ont appris la nouvelle après", a raconté Joseph Marie Deballois. Il était le manager artistique du musicien et homme d'affaires emporté par la Covid-19.

À ce jour, les autorités sanitaires camerounaises ont dénombré près de 31.400 personnes atteintes par la Covid-19 dans le pays tandis que 474 personnes sont mortes du virus (chiffres CDC au 17 février).

Les morts de la Covid-19 ne sont pas inhumés suivant les traditions locales. Et les proches ne peuvent pas leur dire adieu comme ils l’auraient souhaité.

Vue arienne sur un carrefour de Douala la nuit
Henri Fotso Correspondant au Cameroun pour le programme francophone de la Deutsche Welledwfrancais