L'Afrique pleure Manu Dibango, victime du coronavirus
24 mars 2020La mort de l’icône camerounaise du jazz, Emmanuel N'Djoké Dibango, plus connu sous Manu Dibango, et celle de la légende congolaise du soukouss, Aurlus Mabélé, vient illustrer macabrement l’épidémie du coronavirus.
"Manu Dibango, c'est papa légende. Il appartient à tous les pays d'Afrique. Il n'est pas seulement Camerounais. C'est un Congolais, il est aussi Ivoirien. C'est un panafricain, c'est monsieur Afrique" dit Koffi Olomidé, star de la rumba congolaise sur Twitter.
"J'ai pas les mots pour traduire toute ma tristesse. Tu as été un grand frère, une fierté pour le Cameroun et pour l'Afrique toute entière. Une immense perte ! RIP le Roi de la Makossa et Génie (du) Saxo" réagit pour sa part le Sénégalais Youssou Ndour.
Sur sa page Twitter, Didier Drogba, ancien footballeur ivoirien, écrit : "Merci pour tout l'artiste, merci d'avoir placé la musique africaine sur le (toit du monde) toutes ces années, de Michael Jackson en passant par Rihanna. Repose en Paix Papa Manu. Mes condoléances à toute sa famille, au Cameroun à l'Afrique et au monde musical".
Le gouvernement camerounais réuni pour discuter de la crise du Covid-19, a observé une minute de silence en hommage au disparu.
La famille du défunt a indiqué qu’un hommage plus officiel lui serait rendu dès que les circonstances le permettraient. En attendant, le Cameroun et le monde de la musique africaine pleurent la disparition de l’un de leurs plus grands artistes.
Respect des gestes-barrières
La journaliste camerounaise, Denise Epoté, à la tête de la direction Afrique de TV5 Monde, très proche de Manu Dibango, invite ainsi au respect de toutes les mesures de prévention : "La fragilité des systèmes de santé sur le continent nous oblige à respecter à la lettre les gestes-barrières et les mesures de confinement. Mais il faudra pour les gouvernants une communication de crise très transparente. Après l’Europe, l’Afrique sera malheureusement le futur épicentre de cette épidémie et le pire est à venir."
Pour sa part, André-Claudel Lubaya, député de Kananga, dans le centre de la RDC, conseille aux populations Africaines d’abandonner certaines pesanteurs socio-culturelles afin de se protéger contre ce virus mortel. "Leur disparition doit nous interpeller. Principalement, nous, peuples africains, qui pour des raisons de tabou, pour des raisons de croyance religieuse, mystiques, continuons à banaliser, à minimiser les risques d’infection, à minimiser la létalité de ce virus qui tue. Et qui tue sérieusement" avertit le député congolais.
Dans la nuit du 17 au 18 mars 2020, la deuxième vice-présidente de l’Assemblée nationale du Burkina Faso, Marie-Rose Compaoré, est elle aussi décédé des suites du Covid-19.
Selon un rapport du centre des opérations de réponse aux urgences sanitaires (Corus) de ce pays (Burkina), quatre membres du gouvernement ont été infectés par le virus. Ils sont actuellement pris en charge sanitairement.