La France prévoit de réduire à quelques centaines d'hommes sa présence militaire en Afrique de l'Ouest et centrale.
D'après l'Agence France Presse, qui se base sur des sources proches de l'exécutif et une source militaire, Paris ne gardera qu'une centaine de militaires au Gabon (contre 350 aujourd'hui), une centaine au Sénégal (contre 350), une centaine en Côte d'Ivoire (600 aujourd'hui) et environ 300 au Tchad (contre un millier actuellement).
Pour le député allemand d'origine sénégalaise Karamba Diaby, la coopération entre les Européens et l'Afrique devrait s'adapter aux besoins des pays africains. Dans cette interview réalisée par Christina Gerhäusser, le député Karamba Diaby s'exprime sur le cas du Tchad.
Ecoutez ci-dessus l'entretien avec Karamba Diaby
DW : Le Tchad est gouverné depuis le 22 mai par Mahamat Idriss Deby Itno, déclaré vainqueur de la présidentielle. Qu'est-ce que vous attendez du général Deby Itno ?
Nous savons observé la situation au Tchad de très près. Les élections ont eu lieu. Maintenant, nous attendons que les droits de l'homme soient respectés au Tchad et qu'il y ait une situation de stabilité qui puissent aboutir à une coopération sur le plan économique, le développement, mais aussi la situation des femmes et des enfants. La stabilité au Tchad est très, très importante pour la région.
DW : Est-il nécessaire que la présence des soldats européens continue ?
Ce qui est important dans cette région, c'est la contribution des Etats eux-mêmes, sur place, surtout les organisations régionales, comme la Communauté des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC), mais aussi de l'Union africaine. Ces organisations doivent prendre les décisions, leurs responsabilités et s'adresser à la communité internationale qui, naturellement, doit continuer à soutenir.
DW : Les Français devraient-ils retirer leurs soldats ?
La contribution de la France, c'est un accord entre la France, bilatéral, avec les pays. C'est à eux, les deux pays, de s'entendre. S'ils s'entendent sur le fait qu'une contribution future n'est pas nécessaire, la communauté internationale est obligée d'accepter cela.
DW : En quoi se distingue la politique de l'Allemagne par rapport au Tchad de celle de la France?
La politique de l'Allemagne et de la France sont très différentes.
Premièrement, de manière historique, la France a toujours été dans ces régions. Notre politique actuelle, surtout la contribution de notre ministre pour la Coopération économique et le développement, Svenja Schulze, est de s'engager dans l'Alliance pour le Sahel et montrer à nos partenaires que nous sommes prêts à prendre une responsabilité : celle de coordonner les activités des bailleurs de fonds dans cette région, et c'est dans ce cadre-là aussi qu'il y aura la conférence qui aura lieu bientôt à Berlin.
Cette contribution de l'Allemagne montre très clairement que nous sommes engagés dans la région, que nous continuons à nous engager, mais en coopération avec nos partenaires européens et internationaux.
DW : Récemment, le ministre des Affaires étrangères russe, Serge Lavrov, était à N'Djamena. Il a critiqué un comportement néo-colonial des pays occidentaux. A-t-il raison, selon vous ?
Actuellement, nous sommes dans une période de crise multipolaire.
Les pays africains choisissent leurs partenaires eux-mêmes. Notre contribution doit être de formuler, de manière très claire, notre intérêt dans la région et aussi de savoir ce que les pays africains veulent de nous afin que nous coopérions gagnant-gagnant sur ce plan-là.
Ce que les autres pays font, par exemple la Russie et d'autres, nous l'observons, mais nous devons faire des offres très claires et très franches envers les pays africains. Ça, c'est important : les questions de visas, les questions de bourses pour la jeunesse, tout ça, ce sont les thèmes qui sont là, et nous devons nous concentrer plus sur cela. Il y a eu beaucoup de façons de faire par le passé et qui sont critiquées par les Africains. Nous devons tenir compte de cela.
Si les pays africains nous donnent le signal qu'ils veulent être traités dans un cadre gagnant-gagnant en formulant leurs intérêts et que nous aussi nous formulons nos intérêts, nous devons en tenir compte.