"L'histoire du Sénégal a toujours été basée sur le dialogue"
16 février 2024Alors que le Conseil constitutionnel sénégalais a déclaré, contraire à la Constitution, la loi adoptée le 5 février par l'Assemblée nationale, repoussant la présidentielle du 25 février au 15 décembre 2024, le député allemand d'origine sénégalaise, Karamba Diaby réagit sur la DW.
Député social-démocrate (SPD) au Bundestag, lui qui avait passé son baccalauréat la même année que Macky Sall est élu depuis plus de dix ans en Allemagne, député de la circonscription de Halle, dans l'est du pays. S'il fait de la politique allemande au quotidien, Karamba Diaby suit toujours, et particulièrement en ce moment, de près l'actualité dans son pays d'origine. Il était d'ailleurs encore sur place il y a quelques semaines pour les fêtes de fin d'année.
"Elections transparentes et inclusives"
En ce mois de février Karamba Diaby parle prisonniers politiques, coupures d'internet et ne cesse de répéter un mot : dialogue. "L'histoire du Sénégal a toujours été basée sur le dialogue", insiste-t-il. "Quand il n'y a pas de dialogue, il n'y a pas de négociation. S'il n'y a pas de négociation, il n'y a pas de solution commune". L'homme de 62 ans estime que cela est "dans l'intérêt de tout le peuple sénégalais", évoque la formation et l'emploi des jeunes et l'importance de la stabilité politique. "Il faut que des élections transparentes et inclusives aient lieu", insiste-t-il encore.
Lorsqu'on l'interroge sur la lettre des anciens présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, publiée récemment pour appeler au calme, mais aussi au dialogue, Karamba Diaby approuve. "Nous avons vu que nous avions beaucoup de mouvements où les institutions officielles de l'Etat, mais aussi des infrastructures, ont été abîmées. Je pense que ce n'est pas ça l'avenir", estime-t-il, disant espérer que l'appel soit entendu. "L'avenir du pays est assuré si vraiment l'infrastructure et tout ce qui a été réalisé, si les personnes parviennent à garder ça".
Contre des sanctions
Le membre de la Commission des affaires étrangères au Bundestag, rapporteur pour l'Afrique de l'Ouest notamment aussi, se dit contre des sanctions internationales, quelles qu'elles soient. Cela n'apporterait rien pour l'instant, selon-lui. "Les pays qui sont stables, il faut tout faire, les aider, les soutenir dans les actions, dans les plans de développement qu'ils ont rédigés, les soutenir pour ce que ces pays restent stables".
Les coups d'Etat militaires du Mali, du Niger ou du Burkina-Faso en tête et comme un appel à d'autres élus allemands, il insiste encore : "Il ne faut pas seulement aider à surmonter les crises dans les pays qui sont en crise, mais il faut surtout aussi soutenir les pays qui restent stables, pour que vraiment les situations n'arrivent pas à un autre développement avec, par exemple, un putsch militaire.
Depuis l'Allemagne, Karamba Diaby promet de tout faire pour que la coopération politique, mais aussi les partenariats économiques, se poursuivent entre l'Allemagne et le Sénégal. Et il répète une dernière fois : il faut une transition paisible... et du dialogue.