La junte malienne annonce la fin de l'Accord de paix d'Alger
26 janvier 2024Pour justifier sa décision, la junte invoque le changement de posture de certains groupes signataires. Elle dénonce également l'instrumentalisation de l'accord par les autorités algériennes.
Extrait du communiqué des autorités maliennes lu à la télévision d'Etat par le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement de transition :
"Le gouvernement de la transition, dans le cadre de la mise en oeuvre de l'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d'Alger signé en 2015, partage avec l'opinion nationale et internationale les faits graves ci-dessous : un, le changement de posture de certains groupes signataires de l'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d'Alger devenus des acteurs terroristes et poursuivis par la justice malienne après avoir commis et revendiqué des actes terroristes. Deux, l'incapacité de la médiation internationale à assurer le respect des obligations incombant aux groupes armés signataires, malgré les plaintes formulées par le gouvernement de la transition. Trois, les actes d'hostilité et d'instrumentalisation de l'accord de la part des autorités algériennes dont le pays est le chef de file de la médiation internationale. Au regard des ces faits suffisamment graves pré-cités, le gouvernement de la transition constate l'inapplicabilité absolue de l'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d'Alger, signé en 2015 et par conséquent annonce sa fin, avec effet immédiat."
Une décision attendue
Depuis la reprise, en 2023, des hostilités contre l'Etat central et l'armée malienne par les groupes indépendantistes, l'Accord de paix d'Alger était déjà considéré comme moribond. Le 31 décembre dernier, le colonel Assimi Goïta, chef de la junte au pouvoir, avait annoncé la mise en place d'un "dialogue inter-malien" donc sans médiation internationale, contrairement aux termes de l'Accord.
L'officialisation de la fin de l'accord s'inscrit dans le prolongement d'une série de ruptures auxquelles ont procédé les militaires qui ont pris le pouvoir par la force en 2020. Elle intervient également dans un climat de profonde dégradation des relations entre le Mali et l'Algérie. Jeudi soir, le colonel Maïga a d'ailleurs lu un autre communiqué, destiné spécifiquement à Alger. Parmi différents griefs, la junte reproche à l'Algérie d'héberger des bureaux de représentation de certains groupes signataires de l'Accord de 2015 et devenus, selon Bamako, des "acteurs terroristes".