Evgueni Prigojine, de plus en plus acculé par le Kremlin
14 juin 2023"Aucun combattant de Wagner n'est prêt à emprunter à nouveau le chemin de la honte", a répondu Evgueni Prigojine, pour qui il n’est pas question de signer de contrats d’affiliation avec l’armée russe, comme l’exige désormais le Kremlin pour toutes les sociétés militaires privées.
Plusieurs unités de mercenaires qui se battent en Ukraine se seraient déjà rangées du côté de l’armée, dont les unités Achmat, qui est l’armée privée de Ramzan Kadyrov.
Seul contre les élites
"Nous devons tous abandonner nos propres ambitions et nous rassembler autour de notre chef suprême Vladimir Poutine", a déclaré le dirigeant tchétchène, qui avait d’ailleurs proposé de prendre le relais de Wagner à Bakhmout, dans l’est de l’Ukraine, où les troupes d’Evgueni Prigojine ont été aux avant-postes pendant des mois, mais sans réel succès.
"J'ai 20.000 tués, doivent-ils aussi signer un contrat avec le ministère de la Défense ?", a lancé Evgueni Prigojine en guise d’énième provocation.
Sur Telegram, il explique, sans surprise, que le commandement militaire russe ne serait pas capable de diriger les troupes de Wagner.
Evgueni Prigojine continue ainsi à fustiger un état-major russe défaillant, et qu’il ne cesse de railler, dans un langage fleuri, dans ses vidéos.
Des vidéos virales dans lesquelles le patron de Wagner, en gilet pare-balles et casque militaire, se filme sur le terrain de la guerre, n’hésitant pas à se montrer devant ses hommes tombés au combat.
Faire rentrer Wagner dans les rangs
Cette mise en scène renforce son message et ses critiques vis-à-vis de l’élite confortablement installée à Moscou et tout particulièrement le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou.
La volonté de ce dernier de passer les mercenaires en Ukraine sous le commandement de l’armée russe peut être vu comme une tentative de faire rentrer Evgueni Prigojine dans les rangs.
Le Kremlin aurait déjà commencé à priver Wagner de sa principale ressource : les prisons. Le groupe, qui a recruté plusieurs dizaines de milliers d’hommes dans les prisons russes, avait subitement annoncé cesser ses recrutements au printemps.
Et cette semaine, la Douma, le Parlement russe, s’est prononcé en faveur d’une loi qui permettra à l’armée régulière de signer des contrats avec des personnes condamnées pour aller se battre en Ukraine.