Craintes de violences pour la présidentielle américaine
3 novembre 2020C'est le jour J aux Etats-Unis: jour d’élection présidentielle, ce 3 novembre 2020, pour 230 millions d'électeurs. Ils doivent voter pour 538 grands électeurs qui désigneront le président. Le président sortant Donald Trump est opposé à Joe Biden dans le camp démocrate.
Ce jour de vote arrive après une campagne très particulière, en pleine pandémie de coronavirus dans le pays le plus touché au monde en nombre de morts. Une campagne aussi marquée par une polarisation extrême des deux camps. Ce qui fait craindre aujourd’hui des violences à l’issue du scrutin.
New-York barricadée
Depuis plusieurs jours déjà, les images de ces scènes surréalistes font le tour du monde. À New York, en plein cœur de Manhattan, des bruits de perceuses ou de scies sauteuses : les commerçants protègent les vitrines des magasins, par peur de violences en marge de l'élection. Du jamais vu de mémoire d'habitants.
On craint des manifestations violentes, dans les deux camps. Certaines organisations qui appellent à des rassemblements ont même organisé en amont des entraînements en vue de possibles heurts. Et la peur semble gagner tous les États-Unis.
Ventes d'armes en hausse
Les ventes d'armes explosent. "Si vous regardez l'armoire où les armes sont conservées, elle est normalement pleine", raconte par exemple Emily Dryde, dans un magasin de Pennsylvanie, dans le nord-est des États-Unis.
"En raison de la demande en ce moment, les stocks arrivent le matin. Et dans l'après-midi, je dirais que la moitié ou les trois quarts sont vendus". Et les exemples sont nombreux. Nos confrères de la télé publique allemande ZDF relevaient récemment que le nombre d'Américains qui possèdent une arme à feu a augmenté de 2,5 millions depuis mars.
Dans le Michigan, Chad King, instructeur en armes à feu, croule aussi sous les demandes. "Je pense que ce pic a plusieurs causes : tout ce qui s'est passé cette année jusqu'à présent, que ce soit la pandémie elle-même, que ce soit la violence raciste, qui est une pandémie de longue date, ou encore le malaise au sujet des élections", estime-t-il.
Radicalisation rapide
Les analystes de l'ONG International Crisis Group rappellent que des tensions ont déjà eu lieu en 2000 à cause des résultats serrés, mais sans violence. Aujourd'hui, "la rhétorique toxique de Donald Trump et la volonté de porter le conflit devant les tribunaux pour faire avancer ses intérêts personnels n'ont pas de précédent dans l'histoire moderne des États-Unis", ajoutent les experts de l’ICG dans un rapport qui vient d’être publié.
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Un constat qui ressemble à celui de Thomas Plofchan, ancien conseiller antiterroriste du département de la Sécurité intérieure des États-Unis.
"Nous vivons à une époque où les gens se radicalisent dans la violence, non seulement en commettant des actes de violence, mais aussi en passant très rapidement d'un état d'esprit relativement normal à une idéologie radicalisée", analyse-t-il. "Cela crée donc de nombreux défis pour les forces de l'ordre."
Autre signe des tensions et des craintes, de nombreuses rues sont fermées dans un large périmètre autour de la Maison Blanche ce 3 novembre. "Nous savons que certaines personnes souhaiteraient semer le chaos et la confusion", a déclaré la maire de Washington, Muriel Bowser, pour justifier sa décision.