CPI : les victimes de la RDC attendent l'argent promis
9 mars 2021Pendant près de vingt ans, la Cour pénale internationale et son Fonds au profit des victimes a été présentée comme la seule cour internationale à donner aux victimes une place centrale.
Mais, en dépit les décisions des juges de la CPI sur les dossiers des Congolais Thomas Lubanga et Germain Katanga et du Malien Ahmad al Mahdi, le fonds n'a offert des réparations qu'à quelques victimes à ce jour.
Avec le nouveau verdict dans l'affaire Bosco Ntaganda, le fonds va devoir une nouvelle fois, payer à la place du condamné, qui ne dispose pas des sommes nécessaires au dédommagement des victimes.
Mais, comment cela est-il possible ? Pour Franzeska Ecklmans, conseillère juridique du Fonds au Profit des Victimes," La chambre de la CPI a aussi dit que les victimes dans l'affaire Lubanga et dans l'affaire Ntaganda, pourraient être les mêmes, cela veut dire que les réparations dans l'affaire Lubanga qui sont entrain d'être effectuées en ce moment, peuvent être considérées comme des réparations aussi pour l'affaire Ntaganda, c'est un élément important."
''Que la CPI puisse s'auto-évaluer''
Au cours des prochains mois, le fonds pour les victimes devra évaluer les programmes d'aides pour identifier les bénéficiaires des réparations.
Mais, pour ce qui est de la RDC, les populations locales ne croient plus aux promesses de la CPI. Jean-Bosco Lalo, lui-même originaire de la province de l'Ituri, est coordonnateur national de la société civile et il fait partie des avocats des victimes congolaises.
"Ces indemnisations depuis qu'on en parle, elles ne servent qu'aux opérations de retour en faveur des structures qui mettent en œuvre ces projets et les bénéficiaires n'obtiennent que des miettes. Nous voudrions que la CPI puisse s'auto-évaluer pour changer de direction", estime Jean-Bosco Lalo.
Droit de regard du gouvernement
Selon les nouvelles directives de la CPI, les fonds au profit des victimes, seront versés à des associations d'aide, des institutions, et des ONG. Pour Andre Lite, ministre congolais des Droits humains, comme les reparations doivent se faire en RDC, le gouvernement congolais se réserve un droit de regard sur tout ce qui sera fait.
"Comme gouvernement, comme pouvoir public, cela va de soit qu'on s'y intéresse de plus près parce que la CPI n'a pas pour vocation de se substituer aux autorités publiques congolaises", dit le ministre.
Les juges de la CPI ont évalué à 30 millions de dollars, les dommages pour les crimes commis en Ituri par Bosco Ntaganda et ses troupes entre 2002 et 2003, lorsqu'il était commandant en second des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC). Pas cependant sûr que les proches des victimes en voient la couleur avant longtemps.