La CPI met fin à la procédure contre Maxime Mokom en RCA
19 octobre 2023"J'ai pleinement conscience que cette nouvelle pourrait être malvenue pour de nombreux survivants et leurs familles.Je suis reconnaissant à tous ceux qui ont coopéré avec mon bureau et salue leur courage et leur résilience. J'espère qu'ils seront rassurés sur le fait que je suis convaincu que la décision que j'ai prise est la bonne dans cette affaire."
C'est par ces mots que le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a justifié sa décision de retirer les charges contre Maxime Mokom, lui offrant ainsi la possibilité de rentrer dans son pays.
Des avis partagés
Cette décision a pris de court les victimes et survient peu après son audience de confirmation des charges. À Bangui, les habitants oscillent entre l'incompréhension et le soutien à l'ancien chef de guerre.
"La libération de Maxime Mokom ne donne pas confiance à la population, surtout aux victimes qui ont le sentiment que leur voix ne porte plus. Le fait que Maxime Mokom soit relaxé indique que la justice ne fait pas son travail, surtout la Cour pénale internationale", estime ainsi un habitant de Bangui.
Pour un autre, "cette décision rendue par la justice ne mérite pas d'être interprétée. Ce que nous déplorons, c'est que Maxime Mokom a passé des moments inutiles en prison. Pour les victimes, nous compatissons, car elles sont abandonnées à leur sort. Si la justice peut trouver un autre moyen pour remédier à leur situation".
"Un signe d'indépendance"
La décision de la Cour ne semble pas surprendre les avocats de Maxime Mokom qui soulignent l'absence de témoins clés et la complicité supposée de la CPI avec Bangui. Contacté, Maître Philippe La Rochelle a écrit à ce sujet ceci à la DW :
"Les accusations contre Mokom sont le résultat de la complicité entre le procureur de la CPI et les autorités centrafricaines pour se débarrasser d'un adversaire gênant en la personne de Mokom. Ça n'a rien à voir avec des supposés crimes qu'il aurait commis en 2013-2014, mais tout à voir avec son opposition à Touadéra. Le procureur de la CPI joue un jeu dangereux en s'alliant aux autorités centrafricaines (…) Il ne rend service à personne et nuit à la cause de la justice."
Mais l'enseignant-chercheur Dominique Désire Erenon estime, à l'inverse, que cette décision souligne l'indépendance de la justice internationale.
Selon lui : " Cela vient démontrer que le dossier d'accusation est complètement vide. Je pense que la Justice pénale internationale est indépendante et impartiale. Nous avons vu les cas Gbagbo, Blé Goudé, qui ont été libérés. Aujourd'hui c'est Mokom, entre-temps nous avons eu Bemba. Je pense que la Justice fonctionne bien. Quand il faut condamner, elle condamne, quand il faut libérer, elle libère."
Cette décision est la deuxième importante prise par la CPI cette année au sujet de la Centrafrique. Le procureur s'était auparavant déssaisi de tous les dossiers au profit de la Cour pénale spéciale.