Touadéra : la question du 3e mandat "n'est pas d'actualité"
10 août 2023C'est avec un score massif de 95% pour le Oui que la nouvelle Constitution en Centrafrique a été approuvée par référendum. Les résultats définitifs seront annoncés par la Cour constitutionnelle le 27 août. Le parti au pouvoir estime que l’avenir du pays sera renforcé en donnant plus de pouvoir au président actuel. Par ailleurs, la nouvelle Constitution permettra à Faustin-Archange Touadéra de se présenter pour un troisième mandat de sept ans, voire un quatrième s’il le désire. L’opposition dénonce un coup d’Etat institutionnel et un recul de la démocratie. Mais pour le président Touadéra, c’est le peuple qui aurait réclamé ce référendum. Interview exclusive avec Faustin-Archange Touadéra réalisée pour la DW par Zigoto Tchaya.
DW : Le sommet russo-africain vient de se terminer et Poutine a offert des céréales à six pays africains, dont la Centrafrique. Mais n’est-ce pas une goutte d'eau dans l'océan si l'on considère que la principale chaîne d'approvisionnement en blé reste coupée à cause de la guerre ?
Faustin-Archange Touadéra : Évidemment, nous faisons face aussi à des questions des urgences dans notre pays. Vous savez qu’aujourd’hui nous accueillons des réfugiés qui viennent du Soudan et nous avons lancé des appels pour permettre justement de nous aider à soutenir ces réfugiés qui viennent d’un pays voisin et qui permettent justement de faire en sorte que les approvisionnements en céréales, mais aussi en engrais. Et tout cela permet aux Africains de poursuivre leurs actions de développement.
DW : Les dirigeants africains ont renouvelé leurs efforts pour parvenir à un accord de paix sur la guerre en Ukraine et vous n'avez pas participé à cet accord. Pensez-vous que l'Afrique puisse jouer un rôle dans le rétablissement de la paix en Ukraine ?
Faustin-Archange Touadéra : Quelques chefs d’Etat ont été choisis pour représenter l’Afrique et qui portent valablement la voix de l’Afrique et que la République centrafricaine soutient. Donc, c’est au nom de l’Afrique que ces chefs d’Etat ont rempli cette mission qui va dans la direction de la recherche de la paix dans le monde. Il faudrait que l’Afrique y prenne part, justement nous subissons l’impact de ce conflit, donc il est de notre devoir aussi de faire connaître la voix de l’Afrique.
DW : Serait-il possible de nous parler de vos relations avec la Russie en ce qui concerne la sécurité en Centrafrique?
Faustin-Archange Touadéra: Nous sommes en coopération avec la fédération de Russie sur les questions sécuritaires et vous vous souviendriez qu’après la prise de nos fonctions, nous nous sommes obligés de former nos troupes. A ce moment-là, il fallait des moyens parce que notre armée était complètement défaite en 2013. Nous avons donc demandé le soutien de beaucoup de pays amis. Aujourd’hui, la fédération de Russie a accepté de nous fournir gracieusement des moyens de taux pour permettre à l’armée de remplir sa mission. Face à cela également, en 2020 il y a l’apparition de la CPC. C’était une rébellion qui a commencé à prendre des villes. Puisque notre armée était en reconstruction, nous avons fait appel à beaucoup de pays y compris la fédération de Russie qui a accepté avec le Rwanda de nous envoyer donc des contingents.
DW : Mais vos critiques disent que la présence des forces paramilitaires russes en Centrafrique a un prix. Vous vendriez les ressources de la Centrafrique pour payer la Russie et les mercenaires russes du groupe Wagneren leur donnant accès aux ressources naturelles et aux richesses minérales. Que pensez-vous de ces accusations ?
Faustin-Archange Touadéra : C’est questions de ressources ou quoique-ce-soit, même si on doit financer ou payer la sécurité, il faut le faire pour protéger la population ! Nous avons besoin de la paix. Le développement ne peut que se faire s’il y a la paix. On a demandé à tout le monde, a tous les pays, à nos pays amis de venir nous aider. Certains étaient ici, mais ils sont partis en nous abandonnant dans la situation. Je ne vois pas pourquoi on nous critique pour cela. Les critiques sont d’ailleurs mal fondées. Nous avons tissé des relations, nous avons demandé à des pays d’amis de nous venir nous aider pour qu’ils nous aident à consolider la sécurité dans notre pays. Évidemment, si on a des relations à la fois sur le plan sécuritaire, il n’y a pas de raison pourquoi on ne pourrait pas tisser des relations sur le plan économique ou sur d’autres plans. Ces relations-là sont avec tous les pays, pourquoi est-ce qu’on nous ne pose pas cette question pour les autres pays ?
DW : Pourquoi avez-vous fait pression pour un référendum constitutionnel ici en Centrafrique, qui remet le de vos mandats effectués à zéro ?
Faustin-Archange Touadéra : Écoutez, il y a toute une histoire : il y a eu des marches, des pétitions, des jeunes qui ont marchés et qui me lancer aussi un ultimatum. Il y a eu la proposition de loi qui a été faite par un groupe parlementaire. Tout cela nous interroge et nous a interrogés sur l’actuelle loi fondamentale. Évidemment, en regardant les différents aspects, nous avons pensé qu’il était utile et proposé aux Centrafricains, puisque les Centrafricains l’ont sollicité. Et nous avons trouvé que c’était pertinent, puisqu’il y a eu encore le dialogue républicain avec des conclusions qu’ils font que, pour mettre en œuvre ces conclusions, il a fallu donc toucher la constitution, puisque ce sont des questions de fond.
DW : Êtes-vous prêts à vous lancer dans un troisième mandat ?
Faustin-Archange Touadéra : Écoutez, je ne suis pas encore là, je suis en milieu de mandat, donc cette question, pour moi, ce n’est pas d’actualité. Aujourd’hui, je dois travailler pour mériter la confiance que mes compatriotes m’ont accordé et je suis à mi-mandat, n’oublions pas que je suis qu’en 2023, il me reste plus de deux ans pour finir le mandat. Donc je ne vais pas me préoccuper d’un mandat futur.