Revers politique pour le président en Centrafrique
23 septembre 2022En Centrafrique, le président Faustin Archange Touadéra envisageait de réécrire une nouvelle Constitution pour rester plus longtemps au pouvoir. Mais l’opposition et la société civile avaient saisi la Cour Constitutionnelle pour annuler les décrets présidentiels.
Celle-ci a rendu son verdict ce vendredi matin (23.09) à Bangui et offert une importante victoire politique à l’opposition et à la société civile.
Danièle Darlan, la présidente de la Cour constitutionnelle, a rappelé qu’un article précis de la loi fondamentale exclut de toute révision un certain nombre de points dont justement "le nombre et la durée des mandats présidentiels".
"Article 7 : Une loi constitutionnelle de révision de la Constitution adoptée par le Parlement ne peut à elle seule contrevenir aux dispositions intangibles dans l’article 153 de la Constitution."
Victoire pour l’opposition
Cette décision est donc une victoire pour l’opposition démocratique et la société civile. Maître Nicolas Tiangaye s’en félicite. Pour lui, "le droit a été dit. Cette décision est inattaquable".
Pris de court, le pouvoir, représenté par maître Rigobert Vondo, n’a pas souhaité admettre une défaite.
Adrien Poussou, ancien ministre et analyste politique, estime que le pouvoir a commis une erreur grossière.
Selon lui, "la RCA est entre des mains peu expertes parce qu’on ne peut pas imaginer, encore moins expliquer, que ceux qui sont aux affaires ont voulu scier la branche sur laquelle ils sont assis. Comme l’a rappelé si justement la Cour constitutionnelle dans sa décision, le projet de modification de la Constitution allait ouvrir ipso facto une période transitoire aux lendemains incertains."
Manifestation pro-pouvoir
Mais la situation est tendue, en raison notamment des partisans du président qui ont manifesté contre la décision des sages. Des dizaines de jeunes gens proches du pouvoir, à l’appel de Didacien Kossimatchi, ont en effet caillassé le bâtiment de la Cour constitutionnelle.
Par ailleurs, Le ministre conseiller spécial du président Touadera, Fidèle Gouandjika a affirmé qu’un "coup d’Etat constitutionnel" n’est pas écarté, voulant ainsi signifier que le gouvernement pourrait passer outre la décision des juges.
Pendant ce temps, les manifestant continuaient d'encercler le siège de la Cour Constitutionnelle.