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En Centrafrique, la Cour constitutionnelle est sous pression

Jean-Fernand Koena
9 septembre 2022

Les partisans du président Touadéra ont pris d’assaut ce jeudi le siège de cette institution pour exiger la démission de sa présidente, Danielle Darlan.

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Des juges de la Cour constitutionnelle à Bangui en janvier 2021
Des juges de la Cour constitutionnelle à Bangui en janvier 2021Image : Jean Fernand Koena/DW

Ces évènements ont eu lieu dans un contexte où la Cour constitutionnelle  doit trancher à propos de la volonté du président  Faustin-Archange Touadéra  de faire modifier la Constitution  qui pourrait lui permettre de briguer un troisième mandat en 2025.

À l’appel des organisations proches de la majorité présidentielle la Galaxie, les jeunes manifestants ont scandé des propos hostiles à  Danièle Darlan, présidente de la Cour constitutionnelle centrafricaine.

Le président Faustin-Archange Touadéra
L'opposition estime que le président Faustin-Archange Touadéra veut modifier la Constitution pour briguer un troisième mandatImage : Minusca

Les partisans du pouvoir n’apprécient pas la dernière décision de la Cour qui avait déclaré anticonstitutionnelle la loi sur le Sango coin (le Bitcoin national). Mais ce n’est pas tout. La saisine de l’opposition et de la société civile contre le projet du président  Faustin-Archange Touadéra   de faire modifier la Constitution irrite aussi ces partisans du pouvoir qui entendent ainsi maintenir la pression sur la Cour.

Roland Sylvestre Dawa, enseignant chercheur à l’université de Bangui voit en cette marche une interférence politique.

Aujourd’hui on se rend compte qu’il y a une interférence politique de nature à aliéner cette indépendance de la Cour et ça en tant que démocrate et légaliste nous disons stop à cette manière d’aliéner l’Etat de droit, cette manière détricoter la démocratie en République Centrafricaine. En tant que citoyen en tant qu’observateur de la vie politique, nous disons que le pouvoir doit prendre ses responsabilités assumées et arrêter de fabriquer la démocratie de la rue, affirme-t-il.

Indignation 

L’opposition démocratique s’indigne de cette pression exercée sur la Cour. Martin Ziguélé, président du Mouvement pour la libération du peuple centrafricain (MLPC) et porte-parole du bloc républicain pour la défense de la constitution (BRDC) , hostile au troisième mandat, a publié un tweet dans lequel il dit condamné fermement la manifestation orchestrée devant la Cour Constitutionnelle pour l’intimider. "Cela est indigne d’un Etat de droit et préfigure cette présidence à vie que le pouvoir cherche par tous les moyens", écrit l'ancien Premier ministre.

Joseph Bindoumi, inspecteur des services judiciaires et président de la  Ligue centrafricaine des droits de l'Homme (LCDH)  se dit lui aussi inquiet de cette nouvelle tournure dans le jeu politique.

"Je vous assure que la surprise a été totale en ce qui nous concerne, parce que dans un Etat de droit, il faut préserver non seulement les institutions mais les pouvoirs de l’Etat. Le pouvoir exécutif, on respecte le président de la République et son gouvernement, le pouvoir législatif, on respecte l’Assemblée nationale et ses députés et le pouvoir judiciaire, on respecte les cours et tribunaux. Et lorsque nous arrivons dans une situation où des personnes se lèvent pour aller demander aux responsables d’une haute institution judiciaire de démissionner ou les menacer dans la capacité de dire le droit, je pense que c’est grave…, je voudrais demander très sincèrement au pouvoir public de mettre fin à ce genre de comportement qui n’honore pas notre pays."

Le reportage de Jean-Fernand Koena

Ni le gouvernement, ni le Mouvement des Cœurs Unis (MCU) du président Faustin Archange Touadera  n’ont pour l'instant, réagi à la manifestation contre la Cour Constitutionnelle.