Une cohabitation de plus en plus difficile
20 juin 2023Ndokayo, une localité du Cameroun située dans l'arrondissement de Betaré-Oya (une commune du Cameroun située dans la région de l'Est et le département du Lom-et-Djérem), à proximité de la frontière centrafricaine. Ici, la coexistence pacifique est devenue depuis quelques mois plus difficile entre les Camerounais et les réfugiés centrafricains.
Dagobert Doko, un habitant de Ndokayo, résume ainsi la frustration des Camerounais en accusant le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et les autorités de privilégier les Centrafricains: "Quand les Centrafricains arrivent, on leur cède une parcelle de terrain. Mais après, ils vendent ce terrain sans informer le village. Et quand on veut réclamer cette terre, c'est le HCR qui intervient ou encore les autorités. Où est donc le droit de l'homme Gbaya (population d’Afrique centrale vivant essentiellement en Centrafrique et au Cameroun, ndlr) dans son village ?"
Possession de la carte nationale d'identité
Les habitants sont également en colère contre le fait que les réfugiés possèdent une carte nationale d'identité.
Malgré tout, Aladji Damou, représentant des réfugiés centrafricains, affirme qu'il n'y a pas de problème qui ne puisse être résolu entre les réfugiés et les populations locales.
Il explique que "depuis 19 ans, lorsqu'il y a un problème, le chef de village fait toujours appel à moi, le représentant des réfugiés centrafricains, pour trouver une solution, un accord. C'est également la même démarche avec le chef de la communauté musulmane. Même si c'est devant la police, les problèmes ont toujours été réglés."
Dégradation de la cohabitation
Désormais, la cohabitation se dégrade, car cette population exerce une pression croissante sur les ressources dont disposent les habitants de la région.
Interrogée, une autorité locale a confirmé que les tensions existent et que l’Etat camerounais travaille à les résoudre.
Siméon Wachou, criminologue et consultant auprès de la justice, estime que le pire peut arriver si rien n'est fait pour apaiser les tensions.
"Il faut que la situation soit suffisamment contrôlée, que les pouvoirs publics puissent davantage, en concertation avec les chefs de village et les autorités administratives locales, prendre leurs responsabilités afin d'anticiper les problèmes. Il va falloir réaffirmer le droit des peuples autochtones. De manière incontestable aujourd'hui, si rien n'est fait, Ndokayo est une véritable bombe à retardement", estime Siméon Wachou.
Au moment où le monde entier célèbre les droits des réfugiés, au Cameroun, pays le plus ouvert aux réfugiés centrafricains, le climat actuel à Ndokayo laisse redouter une aggravation des tensions entre les communautés.