Le calvaire des réfugiés au Cameroun
17 septembre 2021Bryan, trois ans, souffre de malnutrition sévère. Il vit dans le quartier New-Bell à Douala mais dans cet état, il est en danger de mort. Sa jeune mère, Cinthia Nekinga, est célibataire et d'origine centrafricaine. Elle a demandé l’asile au Cameroun.
Leur compatriote, Gothias Tanguy, lui-même réfugié, a été témoin de plusieurs décès, par manque de prise en charge à Douala.
"Il y a beaucoup d'enfants qui sont dans de pareilles situations. J'ai encore le souvenir d'un que nous avons perdu. Quand j’ai découvert sa situation, j'ai mobilisé certaines personnes pour venir en aide à cet enfant. Mais au moment où on commençait à l'assister, l'enfant nous a quittés. Ça nous a vraiment fait mal. Du coup, quand j'ai reçu l'appel, je n’ai pas tardé à venir pour expliquer aux autres la situation que nous avons devant nous."
Du côté est de la ville, Didier Gakpe, sa femme et ses quatre enfants, ont trouvé refuge sur un chantier abandonné, un abri de fortune, sans porte ni toiture et sans toilettes. Ils ont fui la Centrafrique en 2013, à l'époque de l’ex-président François Bozizé.
Didier Gakpe, secrétaire du Collectif des réfugiés centrafricains de Douala, ne pense toujours pas á rentrer dans son pays malgré les conditions de vie à Douala.
"Déjà pour trouver de l'argent, il faut avoir une source et nous n'en avons pas. Nous n'avons pas d'assistance en tant que réfugiés. Il nous arrive de passer deux à trois jours sans nous nourrir. C'est tout un défi et les enfants en souffrent."
Rares aides humanitaires
À Douala (la capitale économique), seulement 800 des 3.000 enfants réfugiés scolarisables vont à l’école grâce à de rares aides humanitaires. La pandémie de la Covid-19 empire la situation de ces enfants et de leurs parents dont beaucoup ne reçoivent pas d’allocations.
"Nous avons une tension qui couve. On fait des efforts pour calmer ces gens afin qu'on n'ajoute plus de violence aux violences qui existent déjà au Cameroun. Parce que vous savez qu'ici au Cameroun, on est sous tension. Et si les réfugiés viennent s'ajouter avec leurs problèmes, on peut assister à une explosion et avoir des morts", affirme Daniel Moundzego, président de l'association Réfugiés sans frontières.
Près de 500.000 réfugiés et demandeurs d'asile vivent sur le sol camerounais dont plus de 300.000 réfugiés centrafricains.
Les autorités camerounaises, déjà dépassées par le million de déplacés internes de Boko Haram et de la crise anglophone, se préoccupent peu de ces réfugiés, qui se trouvent pourtant aussi en situation d'urgence humanitaire. Une crise potentiellement explosive dans le pays.