Burkina: quand la saison des pluies rime avec inondations
30 août 2022Dans le quartier non loti de Zongo en périphérie ouest de Ouagadougou, se déplacer est quasiment impossible à cause des eaux de pluie. Les habitants ont trouvé leur propre moyen pour se frayer des passages. Paco, un menuisier qui réside dans le quartier dit en comprendre les raisons.
Il explique que "quand il pleut, l'eau monte parce qu'il n'y a pas d'accès, ni d'évacuation d'eau. Comme il n'y a pas d'évacuation d'eau, les gens sont obligés de patauger dans l'eau pour pouvoir passer. Il y a des années ou c'était pire car l'eau montait jusqu'à la poitrine."
Récemment, la moitié de cette zone était couverte d'eau et certaines maisons se sont effondrées à cause des fortes pluies.
Si des domiciles sont inondés, c'est aussi en partie à cause d'un manque d'aménagement urbain. La zone est appelée à disparaitre si rien n'est fait. Armand Sawadogo est urbaniste. Il déplore que la politique en matière d'aménagement entamée depuis 1985 ait échoué.
"Depuis la révolution, on parlait du fameux slogan "un ménage, un toit " qui n'a pas marché parce que la population s'accroit plus vite que les terrains disponibles. Et vus également les besoins réels en termes de logement, à Ouagadougou en 2017, le besoin était de 208.000 logements – pourtant, l'Etat n'a offert que 6.000 logements. Donc, vous voyez le déficit " explique à la DW Armand Sawadogo.
Une adaptation difficile
Fatimata et Hortense, toutes deux voisines vivent à "Non loti Zongo" depuis maintenant 20 ans. Elles témoignent.
"On a dénombré beaucoup de difficultés dans notre quartier. Quand il pleut, vraiment l'eau apparait ici et là. Ça entre dans les cours. Et puis les murs que nous avons construits en ciment, l'eau les a détruits" explique l'une.
"Pendant la nuit, on ne peut même pas dormir. On est obligés d'être debout car nos pieds sont dans l'eau. De gauche à droite ce qu'on peut voir, c'est l'eau de pluie qui a inondé tout le quartier" précise l'autre.
Les populations apprennent difficilement à s'adapter à la situation. C'est très complexe estime l'architecte, Armand Sawadogo.
"Malheureusement, on constate que ces zones non loties continuent de voir le jour dans plusieurs quartiers. C'est dire que ces logements réalisés par les promoteurs immobiliers, qui généralement le réalisent sans document, sont encore des zones non loties qui viennent s'ajouter aux zones non loties qui existent déjà. Donc ça veut dire que le problème devient difficile à résoudre" déplore l'architecte.
Au Burkina Faso, 25% de la population vivent dans les zones appelées "Non loties". Des quartiers où il manque presque tout : l'électricité, l'eau potable ou encore des infrastructures sanitaires.