Inondations mortelles à Abidjan
21 juin 2022Chaque année c’est le même scénario et les pouvoirs publics ont du mal à anticiper.
Les habitants d’Abidjan se sont réveillés ce mardi matin (21.06) les pieds dans l’eau. Plusieurs quartiers de la capitale sont inondés avec un bilan lourd d’une cinquantaine de victimes dont quatre enfants qui sont décédés.
La semaine dernière déjà, six personnes appartenant à deux familles sont mortes.
Les personnes qui travaillent à la Riviera Palmeraie ont eu du mal à accéder à lieu de travail ce matin.
"Vraiment, c’est très difficile. Aujourd’hui mon magasin a ouvert à dix heures à cause des inondations, parce que c’est pratiquement inaccessible", explique cet habitant.
A (re)lire également : Côte d’Ivoire : 25.000 familles menacées d’expropriation
Un autre Abidjanais note que "c’est difficile d’accéder à la pharmacie. Vous voyez même qu’il y a des ravins, c’est vraiment impraticable. Les patients ont du mal même à venir en pharmacie."
Un éternel recommencement
Depuis plus de dix ans, le décor est le même à partir du mois de juin dans ce quartier de la Riviera Palmeraie, où les inondations sont devenues une mal récurrent.
Les populations rencontrées dans ce quartier autrefois chic et résidentiel sont en colère et accusent les pouvoirs publics.
"C’est la corruption, fustige une habitante. Vous allez voir que sur les documents, il est dit que certains ponts existent déjà à la Riviera Palmeraie. Mais nous qui vivons à la Riviera Palmeraie, on sait que rien n’est fait. Sur les papiers on nous vend des rêves et dans la réalité c’est du n’importe quoi."
Pour un autre résident du quartier, "on laisse n’importe qui construire n’importe comment. L’argent a tellement pris le dessus que maintenant vous avancez une certaine somme, ils restent dans leurs bureaux, ils signent vos papiers, vous venez faire n’importe quoi. Il y a des immeubles qui se sont écroulés comme ça ici hein."
L’Etat doit prendre ses responsabilités
Brice Delagneau, président fondateur de l’ONG Amistad qui est très engagée dans la question environnementale, explique les vraies raisons de ces inondations dont sont victimes les Abidjanais. Il demande des sanctions :
"Chaque année nous avons des morts et c’est dans les mêmes zones. Ce n’est pas acceptable. Le problème, c’est que des maisons ont été construites sur le lit de l’eau. Voici la réalité que nous vivons à Abidjan. Et pour cela, nous pensons que le président de la République doit prendre ses responsabilités et sanctionner sévèrement le ministère de la Construction et le ministère de la Salubrité."
Engagé depuis trois heures du matin, les sapeurs-pompiers continuent de chercher de possibles victimes. La pluviométrie devrait être violente cette année, selon les prévisions météorologiques.