Une nouvelle organisation civile très revendicative au Faso
9 avril 2024L'annonce a été faite tout récemment au Burkina Faso, début avril. Celle de la création d'une nouvelle organisation de la société civile, qui brise le silence. Le Front pour la défense de la République exige la dissolution de la junte au pouvoir, la mise en place d'une transition civile et l'organisation d'élections libres.
"Peuple du Burkina Faso. C'est avec un cœur serré que je m'adresse à vous en ces instants ou aucun mot ne suffit pour décrire le niveau d'effondrement de notre pays", a dit dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux Inoussa Ouédraogo, président de la société des éditeurs de la presse privée et désormais aussi porte-parole du Front pour la défense de la République.
Pourquoi cette colère ?
Ces mots forts enflamment les débats politiques depuis la semaine dernière. Car l'organisation dit regretter que la transition dirigée par le capitaine Ibrahim Traoré n'ait pas respecté ses engagements, notamment sécuritaires. "Ils nous ont promis la libération de notre territoire des mains des terroristes (...) en trois mois", dit Inoussa Ouédraogo, regrettant que la promesse n'ait pas été tenue.
Et de poursuivre : "Nombreux d'entre nous ont cru en la bonne foi de ce jeune capitaine. Le capitaine Traoré nous a fait miroiter une refondation totale de nos institutions, un renforcement de la démocratie et l'Etat de droit. Malheureusement, chaque jour que Dieu fait, c'est tout le contraire qui est servi à notre peuple. Les droits de l'homme sont bafoués, les libertées confisquées, le peuple bâillonné. Non content de ce bilan désastreux, ils nous retirent le droit à la parole, ils nous refusent le droit de demander des comptes."
Des personnalités derrière ce message ?
Selon des informations difficilement vérifiables, véhiculées sur les réseaux sociaux, ce mouvement aurait pris forme depuis la Côte d'Ivoire. Des anciens dignitaires comme un ancien ministre des affaires étrangères ou un ancien président de la Commission électorale auraient contribué à sa formation et à son programme très revendicatif. En plus de demander la dissolution de la junte et des élections, le Front pour la Défense de la République demande "la libération immédiate de toutes les personnes enrôlées de force, enlevées ou séquestrées par les milices aux ordres d'Ibrahim Traoré."
Bien avant cette déclaration, une dizaine d'organisations de la société civile avaient, fin mars déjà, appelé le gouvernement de la transition au respect des dispositions de la constitution et à la libération des personnes illégalement arrêtées. Sans succès.
Quel poids pour ce mouvement ?
Cette organisation aura-t-elle plus d'influence sur le cours de la vie politique ? "Dans le fond, c'est vraiment une sortie ratée", estime l'éditorialiste burkinabè Aristide Ouédraogo. Il estime que les revendications ne sont pas les bonnes.
"L'impératif aujourdhui, ce n'est pas d'aller aux élections mais de voir comment nous pouvons faire pour récupérer l'entièreté du territoire burkinabé. J'aurais aimé dans cette optique qu'on nous fasse des propositions avec qui, comment et avec quel objectif."
Tout cela se fait dans un contexte difficile pour la liberté d'expression. C'est la première fois au Burkina Faso qu'une organisation se crée en l'annonçant uniquement sur les réseaux sociaux. Une manière aussi d'éviter les plateaux de télévisions et radios pour échapper aux arrestations et enlèvements.