Le Bundestag commémore les victimes de l'Holocauste
31 janvier 2024Eva Szepesi et Marcel Reif - ces deux personnalités étaient invitées à s'exprimer ce mercredi (31.1.2024) devant les députés du Bundestag et d'autres hauts représentants de la politique allemande.
La première, 91 ans, a été internée enfant à Auschwitz avant d'être libérée, en janvier 1945, par les soldats soviétiques. Le second, 79 ans, n'a découvert qu'après la mort de son père que ce dernier avait survécu à la Shoah.
Relier les générations
L'idée de la commémoration de cette année était donc de tisser le lien entre les générations : celle des survivants, des enfants des survivants, mais aussi des petits-enfants et arrière-petits-enfants.
Car, avec la disparition progressive des témoins de la barbarie nazie, c'est désormais aux générations suivantes de maintenir vivant le souvenir des crimes, a rappelé Bärbel Bas, présidente du Bundestag. Et de s'opposer à la haine et à la misanthropie.
Alors qu'en Allemagne, les actes antisémites sont en nette augmentation depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, Eva Szepesi a elle aussi lancé un vibrant appel pour lutter contre l'oubli et pour plus d'humanité.
"La Shoah n'a pas commencé avec Auschwitz" a-t-elle déclaré à la tribune du Parlement. "Elle a commencé par le silence et le fait que la société ferme les yeux."
Responsabilité actuelle
Eva Szepesi qui, pendant longtemps, n'a pas pu parler de son expérience de l'Holocauste. Ce n'est qu'un demi-siècle après sa libération qu'elle a commencé à témoigner, à raconter pour tous ceux qui ne peuvent plus le faire et à s'engager contre l'antisémitisme. Et cela lui fait mal, dit-elle encore, de voir qu'aujourd'hui, à nouveau, des élèves ont peur d'aller à l'école juste parce qu'ils sont juifs.
Elle a également salué la mobilisation contre la montée de l'extrême droite, ces derniers jours en Allemagne, tout en rappelant que la lutte contre l'antisémitisme était un combat de tous les jours. "Je dis toujours à mes interlocuteurs : vous n'êtes pas coupables de ce qui s'est passé. Mais vous avez une responsabilité pour ce qui se passe maintenant".
"Sois un homme"
Marcel Reif, qui a pris la parole après elle, a lui aussi salué les manifestations contre l'extrême droite. Lui dont le père, Leon Reif, n'avait pas réussi à briser le silence de son vivant, garantissant ainsi à son fils une enfance insouciante.
Ce n'est que bien plus tard que le célèbre journaliste sportif réalise que son père lui a tout de même laissé un puissant conseil, dissimulé dans une phrase toute simple mais merveilleuse qu'il lui répétait souvent : "Sois un homme". Un conseil devenu pour Marcel Reif une obligation et un héritage qu'il a légué, aujourd'hui, aux représentants du peuple allemand.