Bénin : dix ans de prison pour l'opposant Joël Aïvo
7 décembre 2021Dix ans d’emprisonnement ferme plus une amende de 45 millions de francs CFA, soit, près 77 000 euros. C’est la réquisition prononcée par le Ministère public contre le constitutionnaliste et opposant Frédéric Joel Aivo et deux de ses co-accusés.
La Cour de Répression des Infractions Economiques et du Terrorisme (CRIET) les poursuivaient pour atteinte à la sûreté de l’Etat et blanchiment de capitaux.
Ouverte lundi matin, l’audience s’est tenue toute la journée et s’est prolongée jusque tard dans la nuit avant la délibération finale intervenue tôt ce mardi (07.12.2021).
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Débats houleux
Les débats ont été houleux entre la Criet et les huit avocats ayant assuré la défense de l’accusé.
Maître Robert Bonou, l’un des avocats de Joel Aïvo se dit consterné par les réquisitions de la Cour de Répression des Infractions Economiques et du Terrorisme.
"Ce n’est même plus la peine de venir encore plaider devant cette juridiction qui n’est rien d’autre qu’une fantaisie. C’est du folklore. Je suis déçu pour mon pays. C’est regrettable pour un Etat de droit. C’est une période sombre de l’histoire de notre pays. Ça va vite passer. C’est maintenant que le travail commence. On va se concerter pour savoir ce qu’il faut faire", dit Maître Robert Bonou.
"Pas de preuves"
L'avocat estime que les arguments avancés pour déclarer coupable son client, manquent de fondement.
"Ils ont recherché des preuves, ils n’en ont pas trouvées. La situation réelle, c’est que deux pauvres qui étaient en situation de misère, ont décidé d’escroquer quelqu’un. Cette personne qui est en fuite et qui peut-être a été envoyée par le pouvoir pour piéger le candidat Aïvo. Et aujourd’hui, sans aucun lien avec ces personnes, on déclare qu’il est coupable. Dix ans c’est le temps qu’il faut pour que ses successeurs puissent passer le pouvoir. Mais le temps nous donnera raison", affirme l'avocat.
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Frédéric Joël Aïvo qui a manifesté son intention de prendre part à la présidentielle de mars 2021, avait été arrêté le 15 avril à Porto-Novo, au lendemain de l'annonce de la réélection du président Patrice Talon avec plus de 86% des voix, puis avait été mis en examen et incarcéré pour "atteinte à la sûreté de l'Etat et blanchiment de capitaux".
Vendredi prochain (10.12.2021), ce sera au tour de l’opposante, Reckya Madougou, de passer à la barre pour "financement du terrorisme". Elle a été arrêtée le 03 mars 2021.
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