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L'ancien président Soglo met en garde Patrice Talon

16 mai 2019

Après des législatives controversées, la nouvelle Assemblée nationale fait sa rentrée. Nicéphore Dieudonné Soglo, ex-président béninois, regrette ce qu’il qualifie de recul de la démocratie dans son pays.

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Benin 2017 | Nicephore Soglo, ehemaliger Präsident
Image : Getty Images/AFP/I. Sanogo

Les députés de la nouvelle Assemblée élue le 28 avril dernier entraient officiellement aujourd'hui (14.04) en fonction. Pour la première fois dans l'histoire moderne du Bénin, la chambre sera exclusivement constituée de deux partis affiliés à la mouvance présidentielle : le Bloc républicain et l’Union progressiste. 

Au vue des tensions de ces dernières semaines, la rentrée parlementaire est placée sous haute surveillance : un important dispositif policier et militaire a été mis en place autour du siège de l’Assemblée nationale, à Porto-Novo, la capitale politique et administrative du pays. 

C'est dans ce contexte que Nicéphore Dieudonné Soglo s'exprime à notre micro. 

 

Nicéphore Dieudonné Soglo : Nous avons été le premier pays en Afrique et surtout en Afrique au sud du Sahara a lancer la célèbre conférence nationale souveraine pacifique qui a pu, on peut dire, instaurer dans notre pays la démocratie après une dictature militaro-marxiste. Voilà un pays qui est un symbole. On envoie quelqu'un, le voilà à la tête de notre pays désormais. Après tant d'années, on pensait qu'il allait quand même poursuivre le travail qui avait été commencé. 

'Tout le monde sait que c'est un petit dictateur' (N. Soglo, ancien président)

DW : Maintenant que l'Assemblée nationale sera installée à Porto-Novo, ce jeudi matin, qu'est-ce qui reste à l'opposition béninoise ? 

Nicéphore Dieudonné Soglo : Non, non. Ce qui reste c'est l'histoire. Il me fait penser à Caligula (empereur romain qui régna de 37 à 41 après JC, ndlr). Il dit que si vous n'avez pas de compétiteurs, vous avez beau être mauvais, vous serez réélu. Mais auparavant il faut avoir éliminé tous ses adversaires. Et vous pouvez l'écouter partout : personne ne l'avait pris au sérieux. 

DW : A l'heure actuelle, l'opposition béninoise serait-elle prête à engager des pourparlers avec le pouvoir et Patrice Talon ?

Nicéphore Dieudonné Soglo : Vous avez bien vu que que ça été un cri d'horreur du monde entier, notamment de la part de tous les intellectuels qui connaissent l'histoire de notre pays, à commencer par le Prix Nobel de littérature Wole Soyinka. Mais s'il (Patrice Talon, ndlr) continue, il va vers son destin. Tout le monde sait que c'est un petit dictateur. Pour le moment, son veau d'or, c'est l'argent. Il a mis la main sur toute la filière coton, sur la filière de la noix de cajour. Il a également mis la main sur le port de Cotonou, ou encore sur l'aéroport. 

DW : Dernière question monsieur le Président. Le médiateur de votre pays, monsieur Joseph Gnonlonfoun, a récemment déclaré sur nos antennes que quand le vin était tiré, il fallait le boire. N'a-t-il pas raison, par rapport à la situation actuelle du Bénin ? 

Nicéphore Dieudonné Soglo : Tous les dictateurs, vous savez comment ils finissent. On s'en débarrasse, c'est tout. Talon nous permet à tous de savoir que nous avons au moins un type qui n'a pas caché son jeu. 

 

DW MA-Bild Eric Topona
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona