Inondations meurtrières en Allemagne, un an après
14 juillet 2022Les inondations avaient frappé dans la nuit du 14 juillet 2021 deux régions dans l’ouest du pays, dans les Länder de Rhénanie du Nord-Westphalie et en Rhénanie-Palatinat. La catastrophe naturelle avait fait plus de 180 morts.
"Dans notre vie, il y a eu un avant, et un après", résume l’une des habitantes de la région dévastée, une libraire dont les deux magasins ont été envahi par les flots, pendant cette nuit du 14 juillet.
Environ 17.000 personnes ont perdu tous leurs biens, au moins 60.000 maisons et 28.000 entreprises ont été endommagées. Les dégâts s'élèvent à au moins 33 milliards d'euros.
L’énorme élan de solidarité, plus de 650 millions d’euros de dons, et les aides publiques d’urgence avaient permis de parer au plus pressé, mais un an plus tard, beaucoup se battent toujours avec les assurances et les milliards d’euros débloqués par l’Etat peinent à aller dans les poches de sinistrés.
Les pouvoirs publics avaient promis des procédures peu bureaucratiques. C’est tout le contraire, affirment les habitants, lassés. Le processus d’évaluation des dégâts est si lourd et compliqué, que certains ont d’ailleurs préféré abandonner. D’autres en sont encore à remplir les formulaires d’aide.
Traumatismes
L’autre difficulté, est que la région, comme l’ensemble du pays, manque de main d’œuvre, d’entreprises de travaux capables de rénover les bâtiments, ainsi que de matériaux de construction. Un an plus tard, rien n’a bougé dans de nombreuses maisons inondées, des rues et des ponts ne sont toujours pas praticables.
Enfin, il reste toujours la peur, le traumatisme. Des habitants racontent comment chaque pluie, chaque orage, quand le ciel s’assombrit, suffisent à raviver le douloureux souvenir.
Parmi les points positifs, il y a l’optimisme de la branche touristique, le moteur de la région. 90% des entreprises veulent à nouveau rouvrir, explique l’office du tourisme de la vallée de l’Ahr, la zone où les inondations ont été les plus mortelles. Pour le moment, les touristes reviennent très timidement. Il y a la crainte d’un nouveau drame, ou la mauvaise conscience de venir passer un moment de vacances dans un environnement aussi durement frappé.
Défaillances des autorités
L’office du tourisme ne veut toutefois pas cacher la réalité. Il propose même des visites guidées dédiées aux inondations.
Enfin, il y a un an, dans la nuit du 14 juillet, le système d’alerte et la réactivité des pouvoirs publics avaient été défaillants. A partir du printemps prochain, le gouvernement allemand a annoncé la mise en place d’un nouveau système d’alerte des populations par sms en cas de catastrophe naturelle. Une journée test va se dérouler le 8 décembre. Davantage de sirènes doivent être installées dans les communes. Et le stock de matériel de secours, notamment de tentes pour héberger les sinistrés dans l’urgence, doit être étendu.
Car comme le rappelle aujourd’hui un éditorial de la Deutsche Welle, ces phénomènes naturels extrêmes sont susceptibles de se reproduire de plus en plus souvent sous l’effet du changement climatique et vont malheureusement finir par devenir une normalité : "Pendant longtemps, nous avons été habitués à voir au journal télévisé des images d'inondations au Bangladesh ou en Inde, de sécheresse en Australie ou dans la région du Sahel, de forêts en feu en Amazonie. C'est loin, ont pensé certains. Mais aujourd'hui, ces images viennent de partout."