Fonctionnement des systèmes allemands d'alerte catastrophe
20 juillet 2021Le bilan des inondations continue de s'alourdir en Allemagne. En tout, plus de 165 morts ont été confirmées, plus de 170 personnes sont toujours portées disparues. Les zones les plus sinistrées sont situées dans les deux Länder de Rhénanie.
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C'est là qu'Angela Merkel a rendu visite aux victimes aujourd'hui, dans la localité dévastée de Bad Münstereifel. Le gouvernement promet des améliorations dans le système d'alerte-catastrophe, dont le manque de réactivité a beaucoup été critiqué ces derniers jours.
D'abord la commune, le Kreis, le Land...
En Allemagne, quand une alerte catastrophe naturelle est donnée, comme pour les menaces de crues, c'est d'abord la commune qui agit. Elle s'adresse aux autorités du Landkreis (l'équivalent du département) si ses services ont besoin d'appui. Et ce sont ces dernières qui envoient les pompiers et les ambulances.
L'Allemagne compte 294 Landkreise et 107 importantes villes qui ne sont pas rattachées à un Landkreis, comme Cologne ou Leipzig.
Le pays étant organisé en système fédéral, décentralisé, chaque autorité locale a un échelon au-dessus d'elle et c'est au niveau du Land (la région) que les secours sont coordonnés.
C'est seulement quand le Land est débordé qu'interviennent les services fédéraux, quand l'état de catastrophe naturelle est déclaré et que l'armée ou la police nationale doivent être déployées pour dégager les axes routiers, évacuer les sinistrés ou rechercher les personnes portées disparues, par exemple.
... puis le BKK
Cette coordination au niveau national est le rôle du BKK (Office fédéral de la protection de la population et de l'aide en cas de catastrophe), dirigé par Armin Schuster. Selon lui, les reproches faits aux autorités sont injustes : le système a fonctionné.
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Mieux vaudrait, d'après lui, se poser la question à l'envers : combien de vies ont pu être sauvées lors des inondations grâce aux systèmes de protection efficaces contre les catastrophes en Rhénanie du Nord-Westphalie et en Rhénanie-Palatinat ?
Armin Schuster précise le mode de fonctionnement des différents échelons. D'abord, "le service météorologique fait ses prévisions. Après-coup, elles étaient plutôt optimistes. Mais ce n'est pas très précis, personne ne peut prévoir quel endroit sera touché avec quelle intensité et ni délimiter précisément dans quel rayon géographique. Ensuite, cela va aux centrales en charge d'observer les crues qui peuvent aussi alerter. C'est ce qui s'est passé. Ces informations vont aux autorités locales qui ont accès à ces alertes. 150 ont ensuite été relayées aux médias".
L'importance des bénévoles
Il existe une Agence fédérale pour le secours technique (Technisches Hilfswerk). Près de 80.000 personnes y travaillent, pour la plupart des bénévoles. Elles aident les sinistrés qui ont besoin d'eau ou de courant électrique dans les zones touchées. C'est aussi cette agence qui s'emploie actuellement à renforcer et pomper l'eau des barrages qui menacent de céder.
A cela s'ajoutent plusieurs autres structures de sauveteurs bénévoles. Environ 400 personnes sont engagées en Rhénanie du Nord-Westphalie comme pompiers volontaires. En tout, près de 1,7 millions de personnes sont ainsi prêtes à aider sans être rétribuées pour, au niveau national.
A l'échelon régional, des centrales sont chargées de la veille des cours d'eau.
Beaucoup d'échelon, beaucoup de coordination
Armin Schuster reconnaît qu'il faut des aménagements entre les différents niveaux impliqués dans l'alerte et la riposte, mais il précise qu'une réforme est déjà en cours depuis le mois de mai, lancée avec le ministère de l'Intérieur.
Notamment pour remettre en état de marche les sirènes qui étaient présentes sur les bâtiments publics (écoles, mairies, postes) jusqu'à la Seconde guerre mondiale puis qui ont été démontées pour faire des économies. Armin Schuster se félicite des avancées déjà enregistrées :
"Depuis deux mois, nous avons mis en place un programme de réhabilitation des sirènes d'alarme. Une structure fédérale de cadastre doit voir le jour d'ici la fin de l'année. Ce qui est prévu, c'est un mélange d'alarmes analogiques, comme les sirènes, et de moyens d'avertir numérique, comme les applications smartphone."
L'un des problèmes pour l'instant : les alertes lancées sont certes déjà relayées sur des applications smartphone comme NINA, mais peu d'Allemands encore les ont installées sur leur téléphone.
Dans la situation actuelle, le gouvernement fédéral espère aussi que le Fonds de solidarité européen participera au financement de la reconstruction des régions sinistrées par les eaux.