Le sort des anciens auxiliaires afghans de l'armée allemande
12 août 2021En à peine trois mois et depuis le début du retrait complet des troupes étrangères au printemps, les talibans ont pris le contrôle de la majeure partie du territoire afghan. La dernière prise en date n'est autre que la ville de Hérat. Depuis ce jeudi, le drapeau taliban flotte au-dessus de la troisième plus grande ville du pays. Cette progression fulgurante a poussé plusieurs pays, dont l'Allemagne et la France à suspendre les expulsions vers ce pays.
Une avancée qui fait peur, non seulement à la population, mais aussi à tous ceux qui ont travaillé pour les armées étrangères et qui craignent désormais des représailles.
Il s'agit notamment de personnes ayant servi de traducteurs et d'interprètes et qui cherchent désormais à fuir le pays, alors que les talibans les qualifient de "traîtres".
Course contre la montre
Parmi eux, près d'un millier d'Afghans sont actuellement dans l'attente d'obtenir un visa pour l'Allemagne afin d'y déposer une demande d'asile, puisque Berlin a promis d'accueillir les personnes ayant travaillé directement pour la Bundeswehr depuis 2013.
Pour être éligible à une relocalisation en Allemagne, les demandeurs doivent remplir un "rapport de risques" détaillant les menaces auxquels ils sont confrontés à cause de leur travail pour les troupes allemandes.
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Avec des talibans quasiment aux portes de Kaboul, c'est une véritable course contre la montre qui s'est engagée, alors que le bureau des visas à l'ambassade à Kaboul est fermé pour des raisons de sécurité et qu'il faut en moyenne trois mois pour traiter un dossier, à en croire Marcus Grotian. Le militant allemand dirige une ONG d'aide aux migrants afghans et parle d'une situation désespérée. "Jusqu'à ce que le traitement des dossiers soit achevé, les talibans auront très certainement continué à progresser, ce qui rend la situation pour ces personnes de plus en plus dangereuse", estime-t-il.
Une procédure très sélective
Le militant déplore par ailleurs qu'au-delà des Afghans ayant directement travaillé pour les troupes allemandes, quelque 2.000 personnes ayant prêté main forte aux institutions de coopération allemandes ne sont actuellement pas concernées par le dispositif de relocalisation.
De même, les cuisiniers, les chauffeurs ou encore les artisans qui ont travaillé pour des sous-traitants ne sont également pas pris en compte. Or, "pour ce groupe, les risques sont tout aussi élevés que pour ceux qui ont été directement employés. Les talibans ne font pas la différence entre les contrats de travail. Tout ce qui compte pour eux c'est de savoir si vous avez aidé les forces occidentales."
Depuis le début de ces relocalisations, le ministère allemand des Affaires étrangères affirme avoir délivré près de 2.400 visas à des Afghans et à leurs proches.
En face, les groupes allemands de défense des migrants dénoncent une procédure qui manque de transparence.