Afghanistan : retrait de la Bundeswehr après 20 ans
30 juin 2021Pandémie oblige, l’armée allemande a renoncé à une grande réception après ce retrait accéléré effectué mardi. En cédant sa plus grande base de Marmal à Mazâr-e Charîf aux autorités de Kaboul, le commandant du contingent allemand a reçu d’un responsable de l’armée afghane un tapis fait main. Ce dernier s’est vu remettre en échange une épée. Comme pour symboliser le passage de témoin.
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"C’est un chapitre historique qui s’achève, un déploiement intensif qui a mis la Bundeswehr au défi et l'a façonnée, au cours duquel l’armée allemande a fait ses preuves au combat", a fait savoir la ministre allemande de la Défense Annegret Kramp-Karrenbauer.
Evaluation de l’engagement allemand
La classe politique, elle, souhaite une évaluation de la mission allemande au sein de l’Otan en Afghanistan, le parti libéral du FDP demandant par exemple une commission d’enquête alors que le parti de gauche Die Linke évoque un échec de la mission.
Le gouvernement de l'époque de Gerhard Schröder avait justifié ce déploiement essentiellement par la solidarité de l'alliance après les attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.
L’Allemagne était avec les Etats-Unis, la Turquie, le Royaume-Uni et l’Italie l’un des cinq pays les plus engagés en Afghanistan. Pendant vingt ans, environ 160.000 soldats allemands se sont consacrés leur mission de formation des troupes afghanes. Jusqu’au début du retrait en mai dernier, le contingent allemand comptait 1.100 soldats.
Des dizaines de morts et des milliards d'euros
En vingt ans de présence, la Bundeswehr a perdu 59 soldats dans ce qui a représenté sa plus longue mission depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Elle a coûté plus de 12 milliards d’euros au contribuable allemand.
Comme l’Allemagne, l’Italie a annoncé mercredi avoir rapatrié ses soldats d’Afghanistan. 50.000 militaires italiens y ont été déployés durant les vingt dernières années. D'autres contingents moins importants, comme ceux de l'Espagne, de l'Estonie et du Danemark ont déjà quitté le pays.
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Les Etats-Unis, de leur côté, se sont fixé le 11 septembre comme date butoir du retrait américain. "La situation sécuritaire n’est pas bonne en ce moment", a reconnu le commandant des forces étrangères en Afghanistan, Scott Miller.
Les Talibans ont en effet conquis 90 des 400 districts du pays. La situation s’est détériorée depuis plusieurs semaines, des experts redoutant que les Talibans ne reprennent le contrôle de l’Afghanistan.