Pourquoi la Chine discute avec les talibans ?
29 juillet 2021En Afghanistan, les talibans poursuivent la conquête de vastes pans du territoire alors que le retrait définitif des forces internationales, présentes depuis 20 ans dans le pays, est désormais quasiment achevé. Cette avancée des insurgés inquiète notamment les pays voisins qui craignent les répercussions de l'instabilité en Afghanistan dans la région. C'est dans ce contexte qu'une rencontre a eu lieu mardi et mercredi entre des autorités chinoises et des représentants des talibans. La Chine cherche en effet à accroitre son influence dans la région tout en protégeant ses intérêts.
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Des raisons stratégiques
Mettre en place une politique de bon voisinage avec les talibans, qui sont de plus en plus présentés comme les futurs maître de l’Afghanistan, c’est l’objectif que semble poursuivre Pékin. Les responsables chinois "ont promis de ne pas interférer dans les affaires afghanes mais au contraire d'aider à résoudre les problèmes et amener la paix ."
Pour comprendre la démarche de la Chine, il faut d’abord savoir qu’aux yeux de Pékin, les talibans sont plus un groupe religieux radical qu’un mouvement terroriste. Ensuite, il y a la frontière terrestre entre l’Afghanistan et la Chine. Située au fond du corridor du Wakhan, elle est longue de seulement 76 kilomètres mais conduit au Xinjiang, une région importante pour Pékin.
La Chine surveille en effet de près cette province musulmane et la majorité ouïghoure qui y habite. Les autorités chinoises ne l’ignorent pas, l’instabilité en Afghanistan est une menace pour la sécurité de cette région.
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Elles redoutent surtout que les séparatistes ouïghours se servent de l’Afghanistan comme base arrière pour mener des attaques en Chine. Sur ce point, les talibans ont déjà assuré à leur voisin chinois que "le sol afghan ne serait pas utilisé contre la sécurité de quelque pays que ce soit".
Des interêts économiques
Outre la question sécuritaire, il y a également les raisons économiques. Pékin veut mener à bien son grand projet de nouvelle route de la soie qui passe par l’Afghanistan. Mais Pékin est également présent en Afghanistan dans le secteur minier avec notamment l’exploitation de la mine de cuivre d’Aynak.
Face à des autorités afghanes qui perdent de plus en plus de terrain et alors que les talibans progressent dans leur reconquête du pays, la Chine prend donc ses dispositions pour protéger ses intérêts. Reste à savoir jusqu’où est-elle prête à aller dans ses échanges avec les insurgés.