Affaire Okende : indignation après la lettre du procureur
5 mars 2024Dans un communiqué publié ce mardi (05.03.2024), l'Institut de recherche en droits de l'homme, IRDH, une ONG congolaise de défense des droits humains, se dit "inquiet" du contenu de la lettre du procureur général près la Cour de cassation,
Lundi (04.03.24), le procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, a instruit le parquet de poursuivre toute personne faisant des ''affirmations gratuites'' sur la publication des conclusions du rapport d'enquête sur la mort de Chérubin Okende.
Pour le coordonnateur de l'IRDH, Hubert Tshiswaka Masoka, c'est une atteinte aux droits garantis par la constitution congolaise
"Seul le juge a le monopole de prendre une décision judiciaire et la constitution exige que cette décision soit motivée et écrite. Si à ce niveau, le parquet estime que nous ne pouvons pas critiquer son œuvre, alors nous pensons que c'est contre les libertés garanties par la constitution.", déplore Me Tshiswaka.
Des menaces ''scandaleuses'', selon la Lucha
Quant au mouvement citoyen, la Lucha, il juge les menaces du parquet général ''totalement révoltantes et scandaleuses''. Bienvenu Matumo, membre de l'organisation, estime que la justice congolaise obéit à des injonctions politiques.
"Le procureur oublie tout simplement que la RDC est un Etat démocratique et que dans sa constitution il y a le principe de la liberté de penser, de parler et de critiquer.'', dit Matumo.
Et d'ajouter : ''Je ne vois pas en quoi ces menaces vont produire des effets sur des gens comme nous parce que nous croyons foncièrement à notre parole, à notre liberté. Et ces conclusions d'enquête ne sont pas du tout acceptables. Elles sont scandaleuses et ne méritent aucune considération."
Les Congolais veulent des réponses
De nombreuses réactions aussi dans les réseaux sociaux. Jean-Claude Katende, président de l'ASADHO, association africaine de droits de l'homme, écrit sur son compte X qu'au lieu de ''menacer les citoyens qui critiquent ses actions'', la justice congolaise devrait être ''capable d'engager le dialogue avec les citoyens sur certaines questions''.
Pour sa part, Hervé Diakiesse, porte-parole de Ensemble pour la République, parti politique de feu Okende, estime que la version du parquet sur la mort de l'ex-ministre des Transports, outre le fait "qu'elle insulte leur intelligence, heurte profondément leur conscience".
Après sept mois d'enquête, le parquet a annoncé jeudi 29 février que l'autopsie et les expertises avaient établi que l'opposant s'était suicidé.