RDC : ce que l'on sait sur la mort de Chérubin Okende
1 mars 2024Le corps sans vie de Chérubin Okende a été retrouvé dans sa voiture, garée dans une artère passante de la capitale Kinshasa, tôt dans la matinée du 13 juillet 2023.
Les passants ont pu apercevoir un homme vêtu d'une chemise de couleur blanche couverte de sang. Le conducteur de la Jeep, Chérubin Okende, portait encore sa ceinture de sécurité et était assis sur le siège du chauffeur, son cou penché vers l'arrière.
Un suicide selon la justice
Pourtant le parquet de la RDC, a conclu à un suicide de l'opposant. C'est ce qu'a déclaré jeudi (29.02) à Kinshasa, le procureur général près la Cour de cassation. Selon Firmin Mvonde, le rapport d'autopsie a conclu que Chérubin Okende "est mort de la suite de l'hémorragie résultant de la blessure causée par l'arme par lui-même utilisée".
L’expertise parle d’une seule balle tirée, alors que d’autres impacts avaient été trouvés sur le véhicule de Chérubin Okende.
Par ailleurs, plusieurs sources ont déclaré à la DW que l'autopsie n'a pu être effectuée par des experts indépendants.
À en croire Jean-Claude Mputu, porte-parole de la campagne de la société civile Le Congo n’est pas à vendre, "il y a tellement de choses à faire, dont l'une des premières, c'est que le rapport de l'autopsie soit rendu public pour nous expliquer comment quelqu'un a pu être trouvé dans cet état et s'est donné la mort alors que les balles ont traversé les portières de la voiture, alors qu'il avait sa ceinture de sécurité, le sang éparpillé partout. Où est-ce qu'il s'est tiré la balle ? Combien de balles a-t-il tiré ? À partir de quelle position ? Ça, c'est le rapport de l'autopsie et des médecins légistes qui pourront le dire."
Thèse de l'assassinat
Juste après l'annonce du décès de Chérubin Okende, plusieurs officiels avaient dénoncé un assassinat. C'est le cas notamment du ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, ainsi que de l'Union européenne.
Par ailleurs, plusieurs personnes avaient été arrêtées, dont son garde du corps, considéré par la justice congolaise comme "le premier suspect".
"Nous avons tous vu les dernières images horribles de monsieur Chérubin Okende. Nous sommes là face à une justice qui est non seulement malade, mais aussi face à un État de droit qui est en danger. Je pense que même une personne non experte en balistique, en analyse de scène de crime, ne croira pas à ces propos que je peux traiter de très incertains, qui confirment l'agonie de la justice congolaise", réagit Jean-Jacques Lumumba, banquier et lanceur d'alerte, ambassadeur d'Unis, un réseau panafricain de lutte contre la corruption et porte-parole de la Dynamique Congo 2060.
Au cours de son point de presse, le procureur général, Firmin Mvonde Mambu, a également déclaré que, dans un agenda trouvé lors de "la perquisition du bureau privé du défunt", Chérubin Okende aurait écrit, trois jours avant sa mort : "Je suis au bout du rouleau". Un élément qui, selon le magistrat, viendrait confirmer la thèse du suicide.