Yémen : les clés pour comprendre le conflit
9 janvier 2019Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunit ce mercredi 9 janvier pour évoquer la guerre au Yémen. Les membres du Conseil doivent décider de l'envoi éventuel de 75 observateurs pour surveiller le respect d'un cessez-le-feu autour de la ville de Hodeïda. Celui-ci est en vigueur depuis le 18 décembre et semble respecté pour l'instant. Mais cela n'empêche pas les deux parties d'être toujours en guerre sur le terrain. Une guerre débutée en 2014, qu'on tente de mieux comprendre.
Guerre ouverte depuis 2014
La guerre au Yémen éclate en 2014. Un conflit au départ entre la rébellion houtie et les forces gouvernementales du président Abd Rabbo Mansour Hadi. La rébellion gagne du terrain. Elle prend le contrôle de la capitale en septembre 2014, ainsi que d'une partie du territoire, notamment à l'est du pays.
En 2015, après un premier accord de paix qui prévoyait que le président Abd Raboo Mansour Hadi garde son poste, celui fini par démissionner. Mais. réfugié à Riyad, il revient sur sa décision et fait appel à une coalition arabe menée par l'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis et une dix pays soutenus par les Etats-Unis. Une coalition qui cherche aussi à réduire l'influence de l'Iran, accusée de soutenir les rebelles.
Celle-ci est toujours en guerre aujourd'hui. "On a en fait une guerre internationale superposée sur une guerre civile qui existe encore sur le terrain", explique Helen Lackner, spécialiste du Yémen et chercheuse au Middle East Institute à Londres, qui a publié un livre sur le Yémen, "Yemen in Crisis: Autocracy, Neo-Liberalism and the Disintegration of a State".
Enlisement et victimes civils
Jusqu'à aujourd'hui, malgré plusieurs négociations de paix, la guerre s'enlise. Le conflit mêle intérêts politiques régionaux et mondiaux, avec des soutiens occidentaux, des intérêts économiques. Pendant ce temps, plus de 70% des 30 millions d'habitants souffrent de la famine selon l'ONU. "Pendant que certains individus, de tous les côtés dans cette guerre s'enrichissent et s'achètent des palais ailleurs, les gens meurent de faim", insiste Helen Lackner. "Ils se font bombarder, ils sont dans des conditions catastrophiques. C'est honteux, je regrette, mais c'est honteux, il n'y a pas d'autres mots".
Plus d'un million de personnes ont été malades du choléra depuis le début de la guerre, la plus importante épidémie jamais enregistrée.
Une trève mais des négociations qui patinent
Depuis décembre une trêve est en cours autour de Hodeida, ville portuaire par où doit notamment arriver l'aide humanitaire. Une trève plus ou moins respectée. Mais de nombreux ports et routes pour l'aide humanitaire sont toujours coupés. Des négociations ont en revanche repris entre les deux camps en décembre. Mais Helen Lackner parle "du début d'un début d'un début". "D'abord il faudrait pouvoir mettre en œuvre ce qui a été décidé pour avoir un impact sur la situation humanitaire." Pour elle seule la pression internationale peut aujourd'hui ramener les différents camps à la table des négociations. "Sans pression, les deux parties considèrent qu'ils peuvent gagner et donc sont prêts à continuer militairement."
Cette guerre a déjà fait au moins 10.000 morts selon les chiffres officiels de l'ONU, dont la moitié de civils. "Une étude américaine récente parle pour sa part de 60.000 morts, rien que du côté militaire", cite encore Helen Lackner. Ce mercredi à l'ONU, les diplomates ont réclamé aux belligérants "des progrès substantiels".