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Victoire des populistes dans l'Est de l'Allemagne // Crise de l'eau au Mexique

5 septembre 2024

Le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne a remporté les élections régionales en Thuringe et est arrivé deuxième en Saxe. Un nouveau parti, le BSW, situé à l'autre extrême, tire son épingle du jeu. // Le Mexique fait face à des épisodes de sécheresse de plus en plus graves, avec des conséquences sur l'approvisionnement en eau.

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Une "césure profonde", un "séisme politique"... Les commentaires, dans la presse allemande et internationale, reflètent la gravité du moment : dans l'Est de l'Allemagne, un parti d'extrême droite a obtenu pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale la majorité des voix à des élections.

Björn Höcke (AfD)
Björn Höcke, une des figures les plus radicales de l'AfD, revendique la direction de la ThuringeImage : Bodo Schackow/dpa/picture alliance

En Saxe, l'AfD a obtenu 30,6%, en deuxième position derrière le parti conservateur CDU. Mais en Thuringe, le parti anti-immigration mené par Björn Höcke est largement en tête avec 32,8% des suffrages et il revendique la direction de la région.

Comment expliquer le succès de l'AfD, mais aussi celui d'un nouveau venu dans le paysage politique allemand, le Bündnis Sahra Wagenknecht, situé à l'autre extrême ?

Pour en parler, nous recevons Stefan Seidendorf, directeur adjoint de l’Institut franco-allemand. 

DW : Comment avez-vous accueilli le résultat des élections en Thuringe et en Saxe ?

Stefan Seidendorf : C'est un peu ce qui était attendu. Les sondages ne se sont pas trompés, mais de le voir noir sur blanc, évidemment... Dans sa dimension historique, on peut dire c'est quand même quelque chose qui nous occupe, nous politologues, et qui fait réfléchir.

C'est la première fois depuis 1945 qu'un parti d'extrême droite gagne  des élections régionales ou nationales en Allemagne. C'est vraiment une nouveauté. Et puis évidemment, ça tombe dans une situation européenne, avec ses multiples crises et avec cette transformation du système politique comme on l'a connu depuis l'après-guerre.

Comment est-ce qu'on peut expliquer le succès de l'AfD dans la partie Est de l'Allemagne... L'AfD, qui a mobilisé aussi beaucoup de non-électeurs... est-ce que ce sont les idées d'extrême droite, est-ce que c'est un vote de protestation ? Ou est-ce que ça s'inscrit dans un contexte géopolitique plus global ?

Une manifestation contre l'AfD à Erfurt, en Thuringe
Malgré les manifestations contre l'extrême droite, les électeurs de l'est ont plébiscité l'AfDImage : Abbas Al-khashali/DW

Tout ça, ça compte un peu. Ce n'est pas uniquement un phénomène de l'Allemagne de l'Est, mais surtout. Et on peut y retrouver quelques traits qu'on voit aussi dans le vote protestataire - ou pas - en France : cette prédilection, ce choix pour un modèle politique, un  Etat plus autoritaire.

Et ça vaut autant pour les électeurs qui ont voté pour l'extrême droite que pour ce nouveau parti d'extrême gauche, le Bündnis Sahra Wagenknecht (BSW), qui défend aussi cette idée d'un État fort avec peut-être un  homme fort ou une femme forte à la tête. Et cette idée de pouvoir apporter des solutions faciles, de décider, d'imposer des décisions et tout sera réglé.

Evidemment, la réalité est plus complexe. Ça a beaucoup fonctionné dans des régions qui sont caractérisées par un déclin démographique. Il ressort petit à petit - on n'a pas encore toutes les données - que c'est notamment  ce déclin démographique. 

Donc il y a surtout des personnes âgées qui restent, surtout  aussi des hommes. Les femmes sont parties, les plus jeunes, les mieux qualifiés sont partis et c'est dans ces circonscriptions-là que le succès de l'extrême droite, notamment, a été particulièrement fort.

Vous avez évoqué le parti BSW, le Bündnis Sahra Wagenknecht, fondé par cette ancienne figure du Parti de gauche Die Linke. Elle a réussi à  atteindre presque 12 % en Saxe, 16 % en Thuringe. Ce parti, il est tout nouveau. Est-ce que vous pouvez nous en parler un peu, et du poids qu'il risque ou qu'il prend déjà sur l'échiquier politique allemand ?

Sahra Wagenknecht après les élections en Saxe et en Thuringe
Sahra Wagenknecht, cheffe de file du parti du BSW, fait une entrée remarquée dans les parlements régionauxImage : Christoph Soeder/dpa/picture alliance

C'est un mouvement issu de l'extrême gauche postcommuniste qui avait réussi en Allemagne, si on peut se souvenir, d'abord de survivre à la chute du mur et ensuite de se réformer et de s'élargir à toute l'Allemagne sous le  nom de Die Linke qui avait inspiré plus tard Jean-Luc Mélenchon avec la LFI [en France, ndlr].

Donc on voit un peu les proximités. Et donc dans ce mouvement un peu de gauche, populiste et populaire, est  parti un mouvement plus orthodoxe. Sahra Wagenknecht, elle, se réclame toujours comme marxiste dans le sens  traditionnel et en même temps plus autoritaire.

C'est un mouvement qui prend position au sein de la gauche contre la dimension libertaire, libérale-libertaire. Donc ça peut concerner les luttes contre les discriminations comme la protection des minorités, tous ces éléments-là. Elle rejette et elle dit que, au fond, c'est une lutte des classes  économique très classique.

C'est aussi un mouvement, et on ne peut pas le nier, qui a une partie anti-immigration, qui est contre cette immigration qui est vue par beaucoup d'électeurs de l'extrême gauche aussi comme un problème en Allemagne de l'Est. 

Et donc ce mouvement là, il rejoint un peu l'AfD avec cette dimension autoritaire, même si évidemment Sahra Wagenknecht prétend qu'elle a fondé ce mouvement  pour combattre l'extrême droite.

Donc les électeurs qui ont voté pour ces deux partis, l'AFD et et le Bündnis Sahra Wagenknecht, ils sont à la recherche d'une figure autoritaire,  à la recherche de quelqu'un qui les guide en quelque sorte. Ça rappelle quand même des souvenirs pas si anciens en Allemagne....

Des affiches électorales du BSW et de l'AfD dans le Brandebourg
Le BSW a réussi à convaincre des électeurs qui avaient voté AfD en 2019 en Saxe et en ThuringeImage : Sascha Steinach/IMAGO

Oui, c'est peut être aussi, si on veut pas tout de suite aller aussi loin, puisque là, c'est vraiment difficile ensuite de voir une issue...

C'est aussi ce manque de repère, en quelque sorte, que vous avez plutôt en Allemagne de l'Est, que vous avez plutôt dans des régions qui ont été touchées par le déclin économique mais aussi social et démographique après la chute du Mur, où on est à la recherche de solutions faciles.

Et c'est surtout cet élément-là qui compte aussi que apparemment, autant le BSW que l'AfD proposent des solutions faciles aux problèmes, même si ça peut paraître pas à la hauteur de la difficulté de la tâche, ça attire les gens. Et évidemment, il y a aussi une dimension protestataire.

Là, on parle d'un nombre d'électeurs sur les deux Lander, on est un peu plus de 3 millions d'électeurs. Est-ce qu'on n'a pas un peu un effet de miroir grossissant ? Quelle est vraiment la portée de ces élections ?

Difficile à dire. Il y aura une troisième élection régionale dans le Brandebourg, donc on  aura trois sur les cinq Länder  de l'Allemagne de l'Est qui auront voté et ça pourra peut-être aller dans le même sens, une poussée des extrêmes.

Évidemment, si on regarde au niveau fédéral, au niveau de l'Allemagne, ça reste des petites régions avec peu d'électeurs, mais il y a quand même cette dimension historique et il y a quand même une dynamique nationale.

Une conférence de presse du gouvernement en 2023 : Lindner (FDP, à gauche sur la photo), Scholz (SPD, au centre) et Habeck (Verts, à droite sur la photo)
La coalition au pouvoir sort affaiblie des élections régionalesImage : Ben Kriemann/PIC ONE/picture alliance

On voit la coalition d'Olaf Scholz au niveau fédéral qui est sous pression, les trois partis ensemble qui forment la coalition nationale, ont moins de pourcents de vote que les partis protestataires seuls. 

Donc il y a aussi cette dimension nationale et on ne sait pas quel  serait le résultat s'il y avait des élections fédérales anticipées bientôt. Olaf Scholz va devoir chercher des solutions, apporter des  réponses aux questionnements, notamment sur l'immigration, de ces électeurs et électrices en Allemagne de l'Est. 

Même si, sur le papier, il y a peu d'immigration comparé à l'Ouest par  exemple dans ces régions. Et même si ce n'est peut-être pas le problème principal, devant un manque de professeurs à l'école, devant des déserts de santé, sans médecins, devant d'autres problèmes qui sont peut-être plus importants que ce chiffre de l'immigration.

Mais c'est ça que les gens ont en tête et qui a fait leur décision. Et donc Scholz va devoir se positionner sur cette question-là.

DW : Stefan Seidendorf, merci beaucoup. 

Le prochain rendez-vous électoral, c'est le 22 septembre dans le Brandebourg, donc, la région qui entoure la capitale Berlin. Le Land est gouverné par les Verts depuis 2019 dans le cadre d'une coalition avec le SPD et la CDU.

Mais les sondages y donnaient récemment l'AfD en tête. Le parti de Sahra Wagenknecht pourrait aussi enregistrer un score à deux chiffres lors de ces élections...

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Sécheresse : la capitale mexicaine vit sous la menace du "jour zéro"

La lagune de Zumpango, près de la capitale mexicaine
Considérée comme une oasis de fraîcheur à une cinquantaine de kilomètres de Mexico, la lagune de Zumpango est complètement sèche depuis plus d’un anImage : Julien Delacourt/DW

Vu d'Allemagne, deuxième partie... Le Mexique fait régulièrement face à d’importantes sécheresses, mais le phénomène s'est aggravé ces dernières années. 
Certaines régions sont désormais en situation de stress hydrique presque constant. 

Dans le centre du pays, les 30 millions d’habitants de Mexico et de sa périphérie souffrent couramment des restrictions des autorités. La peur de se retrouver un jour complètement à sec devient une réalité pour de nombreux Mexicains.

Dans la région de Mexico, un reportage de Julien Delacourt.

 

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