Recep Tayyip Erdogan est arrivé en Allemagne
17 novembre 2023Il est arrivé en ce début d'après-midi à Berlin : le président turc Recep Tayyip Erdogan effectue une visite diplomatique éclaire en Allemagne ce vendredi 17 novembre. Il doit s'entretenir avec le président allemand, Frank Walter Steinmeier et le chancelier allemand, Olaf Scholz. Un dîner doit ensuite tenir ce soir, avant que Recep Tayyip Erdogan reparte en Turquie. Mais en plein conflit entre Israël et le Hamas, la visite fait polémique en Allemagne.
Elle est, depuis quelques jours et ce vendredi encore, critiquée à la Une de nombreux journaux, après les propos du président turc il y a deux jours à Ankara. "Israël commet des actes de terrorisme d'Etat au sens propre du terme, avec une brutalité qui consiste à bombarder délibérément des civils sur la route, les forçant à fuir leurs maisons", avait dit Recep Tayyip Erdogan devant les députés. Il avait poursuivi sur cette ligne dans la suite de son discours : "Je dis maintenant clairement, en toute conscience, qu'Israël est un Etat terroriste." Pire encore, Recep Tayyip Erdogan a remis en cause la légitimité même de l'Etat d'Israël.
"Déclarations absurdes"
Des propos qui ont un écho particulier en Allemagne, où l'existence même d'Israël est considérée comme une "raison d'Etat".
Ainsi, nombreux sont ceux qui, depuis plusieurs jours, ont appelé à l'annulation de cette visite prévue de longue date, bien avant les événements en Israël et à Gaza. D'autres, et c'est la position adoptée par une grande partie du gouvernement allemand, estiment que cette visite tombe à pic justement. L'occasion pour le chancelier Olaf Scholz de dire clairement au président turc comment il considère ses déclarations. "Elles sont absurdes", a dit Olaf Scholz avant son arrivée.
La ministre des Affaires étrangères allemande, Annalena Baerbock, s'exprimait aussi sur le sujet ce jeudi et est sur la même ligne. "Nous devons bien sûr dialoguer avec les acteurs de la région qui ne sont pas juste éloignés de nous, mais qui ont des positions diamétralement opposées", a-t-elle dit devant la presse. "Justement, dans ces moments-là, le dialogue avec ceux qui voient la situation au Proche-Orient différemment est encore plus important, plus urgent peut-être qu'à d'autres moments. "
Des intérêts stratégiques communs
Urgent et stratégique pour le gouvernement allemand, mais aussi le président turc. La diplomatie allemande compte sur Recep Tayyip Erdogan et ses contacts avec le Hamas dans le conflit avec Israël. Elle compte sur lui également dans la guerre en Ukraine. L'Europe a aussi besoin de la Turquie dans sa politique migratoire, pour limiter les arrivées en Europe. Erdogan, lui, a besoin du marché économique européen pour son pays. Des intérêts stratégiques communs qui aideront peut-être à adoucir les discours loin des caméras et des micros et des déclarations empreintes de calculs politiques.