Violences meurtrières à Ouagadougou
17 septembre 2015Aussitôt après que les éléments du RSP ont encerclé la présidence du Burkina mercredi et retenu les responsables de la transition, la société civile a appelé à la mobilisation. Mercredi, des manifestants ont été battus par des militaires et d'autres ont été blessés. Les violences se sont poursuivies ce jeudi. Écoutez le reportage de notre correspondant Richard Tiéné sur place en cliquant sur l'image.
Oscibi Johann, un activiste pro-démocratie membre du "Balai Citoyen", une organisation qui a contribué à la chute de l'ex-président Compaoré, a été agressé. il dit se trouver "dans un endroit sûr. Mais on ne va pas rester cloîtré". Le studio de Smockey l’un des leaders de l'organisation a essuyé un tir de roquette. L’artiste est activement recherché par le RSP. Un des journalistes de Radio Omega FM, l’une des principales radios de Ouagadougou, était sur place mercredi quand la garde présidentielle a pris d'assaut la radio.
Une dizaine de morts
Selon Marie Madeleine Somda, présidente du Collectif des femmes pour la défense de la constitution au Burkina, il y a déjà "une dizaine de morts" dans les rues de Ouagadougou ce jeudi. "La societé civile reste mobilisée tant que les forces du RSP ne baisseront pas les armes et retourneront dans les casernes".
Dans les rangs de l'ancien camp au pouvoir les réactions sont pour la plupart favorables aux militaires du RSP. Achilles Tapsoba, secrétaire du bureau exécutif du CDP, le parti de Blaise Compaoré, assure que le "putsch était dans la logique. On écarte des hommes politiques pour des raisons farfelues, on a découvert des cartes d'électeurs fabriquées frauduleusement". Selon lui, il est très difficile que les élections présidentielle et législatives aient lieu le 11 octobre comme prévu. "Ce sera à négocier à une autre date pour que tout soit remis en ordre".
Pas de rôle de Compaoré?
Le chef des putschistes, le général Diendéré, qui a servi comme chef d'état-major sous Blaise Compaoré, a nié tout rôle du président déchu. "Nous allons voir avec les politiques pour discuter de la question" des élections, a-t-il déclaré. Selon lui, Le président de transition Michel Kafando et le Premier ministre Yacouba Isaac Zida, seront prochainement libérés.
Pour William Assanvo, chercheur principal à l’Institut d’Etudes de Sécurité à Dakar, une prise du pouvoir par la force était à craindre au Burkina Faso, depuis que des membres du CDP, qui avaient soutenu le projet de modification de la constitution de Blaise Compaoré, ont été écartés du processus électoral.
Les deux favoris à la présidentielle du 11 octobre Zéphirin Diabré et Roch Marc Christian Kaboré ont condamné le coup d'Etat. Condamnation également du ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, tout comme du président français François Hollande.