Violences et crispations en Europe face à la Covid-19
26 janvier 2021Cela fera un an demain ce 27 janvier que le premier cas de coronavirus a été détecté en Allemagne. Un an après, la pandémie de coronavirus est encore à la Une de l'actualité en Europe. Des vaccins sont désormais disponibles mais le quotidien des citoyens européens encore très perturbé : les frontières sont parfois refermées, les écoles aussi. Les problèmes sociaux s'accumulent, la patience des habitants semble parfois même avoir atteint ses limites et des violences explosent.
Émeutes aux Pays-Bas
C'est le cas notamment aux Pays-Bas. Ce mardi, les images des policiers à vélo, en voiture, à moto qui tentent de lutter contre des pillages, des feux de poubelles ou de voitures font encore la Une de l'actualité. Les "pires émeutes depuis quarante ans", disait dès hier le premier ministre. Emeutes face à un nouveau couvre-feu en place pour tenter de faire descendre le nombre de contaminations depuis le week-end.
"L'acceptation sociale" des mesures tant scrutée et redoutée depuis des mois par les dirigeants semble perdre du terrain dans toute l'Europe. "Ouvrez les écoles", lit-on encore dans certains titres de presse allemands ce mardi, alors qu'elles doivent rester fermées encore au moins trois semaines. Des violences contre la police étaient même rapportées ce week-end après des interventions pour des fêtes interdites.
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En France, où le président pourrait s'adresser à la population mercredi soir, le gouvernement hésiterait sur un reconfinement. En Belgique, où les frontières ferment demain, des professionnels du tourisme se tournent maintenantdevant les tribunaux pour avoir le droit d'exercer leur activité.
Problèmes de livraison des vaccins
À tout cela s'ajoute les problèmes de disponibilités des vaccins. Après ceux annoncés par Pfizer-BioNTech, l'entreprise AstraZeneca a elle aussi annoncé des retards de livraison en Europe pour son vaccin. Avant même que celui-ci soit approuvé par les autorités sanitaires, peut-être dès cette semaine. "Innacceptable", réagit la commissaire européenne à la Santé Stella Kyriakides. L'UE a précommandé 400 millions de doses et préfinancé le vaccin, il faut donc qu'elle en bénéficie, estime-t-elle.
Mieux encadrer les exportations
Jens Spahn, le ministre de la Santé allemand, propose même de mieux contrôler les exportations de doses hors de l'Europe, même s'il se défend de vouloir restreindre l'accès à tous au vaccin. "Il s'agit d'un partage équitable, c'est-à-dire que nous obtenions une part équitable de ce que nous avons financé à l'avance", insiste-t-il. "C'était tout l'intérêt des accords que nous avions passé : nous avons donné de l'argent pour un préfinancement pour le développement des capacités de production, nous avons avancé plusieurs centaines de millions d'euros dans presque tous les contrats conclus par l'UE, afin de permettre le renforcement des capacités de production. C'est pourquoi je ne dis pas il faut que nous soyons les premiers, mais il faut que le partage soit équitable."
AstraZeneca avait annoncé, en fin de semaine dernière, que les livraisons de son vaccin en Europe seraient moins importantes que prévu au premier trimestre, en raison d'une "baisse de rendement" sur un site de fabrication européen. Mais beaucoup s'interrogent et s'agace de ce retard annoncé, alors qu'il ne devrait pas y avoir, par exemple, de problème d'approvisionnement de la Grande-Bretagne.
Le ministre fédéral de la santé allemand Jens Spahn dit être conscient que les vaccins sont pour l'heure une question de pays riches. "C'est bien sûr un point qui doit être discuté et que l'Organisation mondiale de la Santé a raison de soulever", déclare-t-il lorsqu'on lui rappelle les critiques de l'organisation sur le fait que "95 % des vaccin administrés dans le monde l'ont été dans dix pays."
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"Nous devons fournir aussi le vaccin ailleurs dans le monde", dit Jens Spahn, parlant de raisons humanitaires, mais aussi géostratégiques. "La Chine et la Russie font de la politique étrangère avec ces vaccins, en essayant de gagner de l'influence", explique-t-il, citant les Balkans, l'Europe de l'Est ou la région méditerranéenne. "Nous ne devons pas donner l'impression que la Russie et la Chine pensent au monde et que nous pensons à nous-mêmes. C'est une erreur, compte tenu de l'engagement financier de l'UE dans d'autres domaines. Mais cela doit être à nouveau prouvé par l'action".