Vincent Bolloré mis en examen
25 avril 2018Vincent Bolloré est mis en examen. C'est son avocat qui l'annonce ce mercredi soir, 24 heures après la mise en garde à vue du milliardaire français. Une garde à vue dans le cadre d'une information judiciaire ouverte pour corruption, et portant sur les conditions d'acquisition de deux terminaux à conteneurs opérés par le groupe Bolloré à Lomé au Togo, et à Conakry en Guinée. Avant même la mise en examen, les langues se sont déliées dans ces deux pays. Ou pas d'ailleurs.
Thomas Koumou, président de l'association veille économique et spécialiste des marchés financiers raconte par exemple la situation au Togo, où le dossier semble délicat : "Pour l'instant, aucune déclaration, ni dans les journaux, ni sur les chaînes internationales. Cette affaire doit être à mon avis vraiment embarrassante pour le pouvoir togolais. Donc pour le moment, il n'y aucune déclaration."
"Tout est en règle"
En revanche en Guinée, Damantang Albert Camara, le porte-parole du gouvernement, a réagi dès les premières heures de la mise en garde à vue de Vincent Bolloré. "Pour le gouvernement en tout cas, les choses se sont passées dans les normes quant à l'octroi de ce comptoir à Bolloré", raconte Sanou Aboudramane, de la société civile guinéenne.
Sanou Aboudramane soutient par ailleurs que cette sortie du porte-parole du gouvernement est hasardeuse et il rappelle les conditions dans lesquelles le port de Conakry en Guinée a été cédé au groupe Bolloré, l'ancien concessionnaire ayant été chassé par l'armée. "N'oubliez pas, c'est le président de la République qui, dans des conditions encore troubles, avait installé Bolloré manu militari et lui avait donné les droits de gestion sur le port de Conakry. Donc c'est une question si sensible politiquement que les opérateurs économiques s'en méfient de façon générale", explique-t-il.
Questions dans la population
Selon Thomas Koumou et Aboudramane Sanou, le sujet de garde à vue de Vincent Bolloré réjouit les populations qui pensaient depuis bien longtemps qu'il y a eu des malversations dans les attributions des concessions de ces deux ports à Bolloré. "Beaucoup de Togolais se sont dits que monsieur Bolloré et l'Etat togolais ont fait des affaires et que ceci n'a absolument pas profité aux Togolais", commente Thomas Koumou.
"Les citoyens guinéens doivent être heureux aujourd'hui qu'on ait pu mettre en garde à vue des personnalités qui sont soupçonnées d'être impliquées dans ce problème", explique lui Sanou Aboudramane.
Il faut rappeler que cette garde à vue - qui a été prolongée et dure toujours dans les locaux de la police de Nanterre, résulte d'une perquisition réalisée en avril 2016 au siège du groupe Bolloré à Paris.