Une femme pour sauver la Centrafrique
24 janvier 2014Comme le relève la Frankfurter Allgemeine Zeitung, aucune autre personnalité politique centrafricaine n'est actuellement mieux indiquée que cette juriste de 59 ans. Le journal note ensuite que cette mère de trois enfants aujourd'hui adultes s'est surtout fait connaître par son engagement au sein de la fédération des femmes juristes centrafricaines, une organisation qui combat notamment les mutilations génitales. Elle a aussi travaillé à titre bénévole comme conseillère juridique du programme Afrique d'amnesty international. La nouvelle présidente de la transition, souligne de son côté le Tagesspiegel de Berlin, a devant elle un travail d'Hercule: d'ici à février 2015, date prévue pour les élections, il lui faut pacifier un pays dans lequel l'ordre public s'est complètement effondré. Catherine Samba-Panza, ajoute ce confrère, n'est que la troisième femme à accéder à la présidence d'un pays en Afrique. Comme Ellen Johnson Sirleaf au Liberia et Joyce Banda au Malawi, elle a hérité d'un pays dans un triste état.
Une femme pour sauver Bangui, titre die tageszeitung. Mais la véritable épreuve viendra lorsqu'elle tentera d'étendre son pouvoir au-delà de la capitale. Les défis à relever par la nouvelle présidente, écrit la Berliner Zeitung, sont déjà visibles à 100km au nord de Bangui, dans la petite ville de Boyali, ou plutôt ce qu'il en reste. Le long de la route toutes les boutiques qui appartenaient à des musulmans ont été pillées et en partie incendiées. Elles témoignent de la vengeance des milices chrétiennes. Le journal parle d'épuration ethnique et écrit encore ceci: lorsque la force d'intervention française est arrivée fin 2013 à Bangui, elle a commencé par désarmer les rebelles de la Séléka. C'était une mesure bien intentionnée, mais qui s'est révélée une erreur mortelle. Comme l'a reconnu un officier français à Boyali, poursuit le journal, les militaires français ont ainsi transformé les combattants de la Séléka, mais aussi la population peule, en victimes sans défense.
L'Allemagne en Afrique
Toujours à propos de la Centrafrique, la presse allemande fait aussi une large place à l'éventuelle contribution de l'Allemagne. La décision a été prise à Bruxelles: l'Union européenne enverra quelques centaines de soldats pour soutenir les contingents français et africains. La chancelière Angela Merkel l'a dit et répété: Berlin n'enverra pas de troupes au sol. Un appui logistique est en revanche envisageable, de même qu'un renforcement du contingent allemand au Mali pour soulager les Français. Cette hypothèse fait bondir die tageszeitung qui demande aux responsables politiques allemands s'ils n'ont pas perdu la tête. Nos grands géostratèges, demande le journal, ont-ils seulement demandé l'avis d'un seul Malien? Ou bien l'Afrique a-t-elle été simplement choisie pour que l'Allemagne puisse y expérimenter ses idées pour une nouvelle politique européenne de sécurité? En dehors du fait qu'une grosse centaine de soldats allemands sont déjà au Mali, il n'existe aucune raison objective d'accroître précisément là-bas le contingent allemand. Les troupes allemandes ne sont pas même encore rentrées d'Afghanisatan que déjà on veut les envoyer dans un pays auquel ni la Bundeswehr ni la classe politique ne comprend grand chose.
Le quotidien Die Welt a interrogé le nouveau président de la commission parlementaire de la défense. C'est le député social-démocrate Hans-Peter Bartels, et lui au contraire dit ceci: "nous ne pouvons pas être seulement des spectateurs en Afrique". Nous avons une tâche à accomplir, qui est d'endiguer l'injustice, d'autant que les Etats-Unis ne le feront pas en Afrique. La politique de l'Allemagne en Europe doit être de mettre à la disposition des organisations internationales, de l'ONU à l'Union européenne, des moyens pour rendre la paix possible. Et le député du SPD souligne aussi que l'Afrique n'est pas une terre inconnue pour la Bundeswehr: l'Allemagne s'est déjà engagée dans les années 90 en Somalie. Elle joue aujourd'hui un rôle important dans la lutte contre la piraterie au large de la Corne de l'Afrique.
Eclaircie en Côte d'Ivoire
Parmi les autres sujets africains, il en est un qui concerne l'état de la démocratie. Tous les deux ans la fondation allemande Bertelsmann publie son indice dit de transformation, à savoir transformation politique et économique. L'indice 2014 a été présenté dans les locaux de la Deutsche Welle. Il concerne 129 pays émergents et pays en développement. Et parmi eux il y a évidemment des pays africains. Comme le note tout d'abord, et de manière générale, la Süddeutsche Zeitung, même si dans beaucoup d'endroits le nombre de téléphones portables a doublé ou triplé, l'indice est plutôt à la baisse pour ce qui est des critères démocratiques. Au cours des huit dernières années les États qui ont restreint les droits civiques ont été plus nombreux que ceux qui les ont développés. Le Mali est cité comme le cas négatif extrême. En Angola la situation s'est à ce point détériorée depuis 2012 que le pays est maintenant classé, par la fondation, parmi les régimes autocratiques. Cela dit, poursuit le journal, en Afrique de l'ouest certains gouvernants desserrent leurs griffes. Au cours des huit dernières années la Côte d'Ivoire a même accompli le plus grand progrès au monde en direction de la démocratie et de l'Etat de droit. Certes elle est partie d'un niveau extrêmement bas, mais elle a vécu aussi une guerre civile.
Enfin le même journal salue le courage de l'un des écrivains les plus célèbres d'Afrique, le Kényan Binyavanga Wainaina. Il a révélé sur Twitter, son homosexualité et s'est ainsi dressé publiquement contre les lois de son pays. Au Kenya l'homosexualité est punie d'une peine pouvant aller jusqu'à 10 ans de prison.