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Un vote sur fond de crise sanitaire et sécuritaire au Mali

Katrin Gänsler | Carole Assignon
27 mars 2020

Au Mali, les élections auront bien lieu le 29 mars alors que le pays est toujours dans une situation d’instabilité sécuritaire. Une instabilité que la découverte de premiers cas de Covid-19 vient aggraver.

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Image : picture alliance/dpa/K. Palitza

"Les élections législatives résultent de la décision du Dialogue national, qui a fixé des délais", c’est ce qu’a déclaré le président Ibrahim Boubacar Keïta en annonçant maintien du scrutin.
La pression quant à l’organisation de ces élections est en effet forte. Les dernières élections générales ont eu lieu en 2013 et depuis 2018, qui avait été choisie pour une nouvelle élection, on est allé de report en report.

Il s'agit à présent de faire enfin progresser l'application de l'accord de paix d'Alger signé en 2015 entre les autorités et les groupes armés indépendantistes, notamment touaregs, qui avaient pris les armes en 2012.

Dans un contexte sécuritaire marqué par des attaques terroristes, Dajié Sogoba, premier vice-président de la Commission électorale, est conscient du risque mais estime que l'élection de dimanche est possible - même dans les régions en crise de Gao, Tombouctou et Kidal, où la situation sécuritaire est critique :
"Je crois qu’il est possible de voter dans ces régions dans la mesure où l’armée malienne est déployée dans ces zones et nos partenaires qui sont au sein de la Minusma aussi s’emploient pour que les élections aient lieu. Mais bien sûr il ne faut pas se faire d’illusion, on a en face des adversaires qu’on ne voit pas et qui sont imprévisibles."

Il est difficile de savoir si les forces de sécurité nationales et internationales seront suffisantes pour protéger les plus de 22 000 bureaux de vote. Selon l'organisation non gouvernementale américaine ACLED, la violence a augmenté et se déplace toujours plus au sud.

Election présidentielle au Mali en 2018
Election présidentielle au Mali en 2018Image : Reuters/L. Gnago

Des électeurs insatisfaits

A l’insécurité et la crise sanitaire actuelle qui préoccupent les Maliens, s’ajoute également un mécontentement général à l'égard des politiques, selon un sondage réalisé mi-mars par la Friedrich-Ebert-Stiftung dirigé par Christian Klatt qui souligne que "concernant le cabinet du président, plus de 50% des sondés se sont dits plutôt ou très insatisfaits. Pour le gouvernement aussi, nous sommes à 62%. 73% en ce qui concerne le parlement et 59% des personnes interrogées se disent mécontentes ou très mécontentes du travail de l’opposition". 
Ce sondage a par ailleurs permis de relever un détail important : les électeurs ne connaissent pas leurs députés. Très peu sont informés du rôle qu’ils jouent au parlement.

Ces législatives vont se dérouler alors que l’on est toujours sans nouvelle du chef de l'opposition au Mali, Soumaïla Cissé, enlevé par des inconnus mercredi alors qu’il était en campagne dans son fief de Niafounké, dans la région de Tombouctou. Une région en proie aux attaques djihadistes.

Cet enlèvement a eu lieu alors que selon l'état-major français, les armées malienne, nigérienne et la force française Barkhane ont mené au cours de ce mois de mars une opération d'une envergure "inédite" aux confins du Mali et du Niger. Une opération qui a mobilisé près de 5.000 hommes et permis d'éliminer "un grand nombre de terroristes" précise l'état-major français.

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique