Un an de guerre en Ukraine ou comment vivre avec la peur
24 février 2023"Depuis ce matin fatidique, nos vies ont été divisées en deux. Une vie avant la guerre et une vie après", raconte Anja, en se souvenant des sirènes du 24 février, un vacarme qui fait désormais partie du quotidien de la jeune femme qui tient un magasin de friperies à Kiev avec deux de ses amies.
La vie continue, même si le risque est omniprésent, explique sa collègue. "Ne pas avoir peur tout le temps. Ne pas avoir peur pour sa vie tout le temps. C'est probablement ce qui manque le plus à tout le monde", se désole Masja.
Un an passé dans une cave
A l’est du pays, dans la région de Kharkiv, en partie libérée, on vit dans les décombres de l'occupation. "Il y a des maisons qui ont été complètement brûlées, certaines en partie endommagées, explique un militaire ukrainien. Mais d'une manière ou d'une autre, tout le monde a été touché."
C’est le cas d’Antonina, qui vit dans le sous-sol d’un jardin avec une dizaine d’autres personnes. "Là, j'ai mes documents, les objets qui me sont chers. Je les emporte partout avec moi. Quand je vais me coucher, je les mets sous mon oreiller", explique-t-elle, alors que son village s’est vidé de la moitié de ses habitants et que ses enfants sont partis.
Huit millions de réfugiés
En un an, huit millions de personnes ont fui l’Ukraine. Un million d’Ukrainiens ont trouvé refuge en Allemagne, en grande majorité des femmes, les hommes en âge de combattre étant restés au pays.
Maria (son nom a été changé pour des raisons de confidentialité) fait partie de ces réfugiées. Originaire de Boutcha, ville devenue symbole des atrocités de cette guerre, elle a échappé de justesse au massacre imputé à l’armée russe.
"J’ai vu des choses qu’un être humain ne devrait pas voir. Mais aujourd’hui je veux rendre quelque chose à l’Allemagne qui m’a accueillie. Je veux être utile. Je veux retrouver une stabilité psychologique, maîtriser mes émotions pour pouvoir trouver un travail. Je ne veux pas passer mes journées à pleurer, à parler de la guerre. Ce que j’ai vécu ne doit pas affecter les autres. Je veux vivre. Oui, je veux revivre,” lance-t-elle, décidée à se reconstruire un avenir.