La guerre aux portes de l’Europe
24 février 2022Vladimir Poutine est finalement passé à l’offensive en frappant depuis ce jeudni matin (24.02) l’ensemble de l’Ukraine par des attaques aériennes et des troupes au sol, entrées sur le territoire ukrainien, depuis la Russie à l’est mais aussi depuis la Biélorussie au nord.
Comme de nombreux Ukrainiens, Mikhail, un habitant de Kharkov, la deuxième plus grande ville du pays, a été réveillé par des explosions :
"Les bombardements ont commencé à cinq heures du matin. J'ai entendu du bruit et je me suis réveillé. J'ai réalisé que ça ressemblait à des tirs d’artillerie. J'ai sauté du canapé, j’ai couru pour aller réveiller ma mère et on a trouvé ce missile que vous voyez là. J'ai entendu une explosion derrière moi, quelque chose a explosé à proximité et a brisé des fenêtres, puis j’ai été touché par des pierres."
L’offensive se déroule sur plusieurs fronts, et notamment dans les airs. Selon de nombreux experts, la capacité de frappe aérienne dont dispose l’armée russe est ce qui la rend largement supérieure à l’armée ukrainienne.
Relisez ici le déroulé, heure par heure : Première journée de guerre en Ukraine
La journée a ainsi été rythmée par les sons de sirènes pour alerter de la possibilité d’un raid aérien. A Kiev, plusieurs stations de métro ont été déclarées abris anti-bombes par les autorités.
La population s’organise
La population ukrainienne, bien consciente que la guerre a débuté, a commencé à prendre ses dispositions.
De longues files d’attente se sont formées devant les distributeurs de billets de banque, devant les magasins, mais aussi devant les stations essence.
Comme cet homme, à Odessa. Là on est dans le sud de l’Ukraine, au bord de la mer Noire :
"Il y a plein de personnes qui s'approvisionnent en carburant sans en avoir besoin », explique cet habitant d’Odessa, dans le sud de l’Ukraine. « J'ai l'intention de ne remplir qu’une partie du réservoir pour avoir de l’essence en cas de pénurie. En ce moment, il y a plus de voitures qui quittent la ville que de voitures qui y entrent. Mais moi, je n’ai pas l’intention de partir. Je vais tenir la ligne de front."
A Kiev, des colonnes d’embouteillages impressionnantes se sont formées, alors que des habitants cherchaient à quitter la ville, notamment pour ceux disposant d’une résidence secondaire à la campagne.
"Ne pas paniquer"
Pour le moment, l'armée russe a affirmé avoir détruit plus de 70 installations militaires, dont une dizaine d’aérodromes. Vladimir Poutine avait assuré ne vouloir que viser des intérêts militaires. On déplore, côté ukrainien, plus de 40 militaires et une dizaine de civils tués. Mais ces bilans restent difficile à vérifier.
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De son côté, le président ukrainien Volodimyr Zelensky a proclamé la loi martiale. Il a appelé ses concitoyens à "ne pas paniquer" et a annoncé la rupture des relations diplomatiques avec Moscou.
Tollé international
Le déclenchement de cette invasion a provoqué une pluie de condamnations du côté des Occidentaux. En Europe, le Premier ministre britannique Boris Johnson qui a traité Vladimir Poutine de "dictateur", estimant que cette invasion est "une catastrophe pour le continent".
En Allemagne, le chancelier Olaf Scholz a parlé d’une violation flagrante du droit international :
"Avec son attaque contre l'Ukraine, le président Poutine viole une fois de plus de manière flagrante le droit international. Il apporte souffrance et destruction à ses voisins, en violant la souveraineté et les frontières de l'Ukraine. Il met en danger la vie d'innombrables innocents en Ukraine, un peuple frère de la Russie. Il remet en cause l'ordre de paix du continent européen. Pour tout cela, il n'y a aucune justification. C'est la guerre de Poutine."
Joe Biden, le président américain, devait annoncer la riposte américaine dans la soirée dans un discours à la nation.
Enfin, le groupe du G7 a déclaré que Vladimir Poutine s'est mis "du mauvais côté de l'histoire".
Que peut faire l’UE
A défaut de participer militairement à ce conflit, l’Union européenne (UE) doit adopter des sanctions toujours plus lourdes.
Les dirigeants des 27 pays de l’UE doivent se réunir en sommet dans la soirée pour examiner les options.
"C'est le président Poutine qui ramène la guerre en Europe", déclarait Ursula Von der Leyen, en prévision du sommet. Pour la présidente de la Commission européenne, "la cible de la Russie n'est pas seulement le Donbas, pas seulement l'Ukraine, sa cible est la stabilité en Europe et l'ensemble de l'ordre de paix international. Et nous demanderons au président Poutine de rendre des comptes pour cela."
Bruxelles veut frapper la Russie au portefeuille pour qu’elle ne puisse pas financer cette guerre, notamment en bloquant les avoirs russes en Europe.
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Pour le moment, au vu de réponses du Kremlin ce jeudi, le spectre des sanctions ne semblait toutefois pas intimider le pouvoir russe.
De l’autre côté, Bruxelles veut apporter une aide financière et humanitaire à l’Ukraine.
Enfin, un aspect important pour l’UE est l’accueil de réfugiés venant d’Ukraine. L’UE est "pleinement préparée", les réfugiés ukrainiens seront "les bienvenus", dit Bruxelles.
L’Allemagne a déjà annoncé qu’elle aidera la Pologne, qui est voisine de l’Ukraine, à faire face à l’arrivée de déplacés.
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Le rôle de l’OTAN
L’Ukraine ne fait partie de l’Otan. Les troupes de l’Alliance transatlantique n’iront donc pas faire la guerre en Ukraine, a précisé le patron de l’Otan Jens Stoltenberg.
En revanche, un plan de défense a été activé. L’Otan veut protéger ses pays membres frontaliers de la Russie et de l’Ukraine. Un sommet a été convoqué pour ce vendredi (25.02).