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La Russie réintègre l'accord sur les céréales

2 novembre 2022

La Russie avait suspendu sa participation à cet accord après une attaque sur sa flotte en Crimée. Moscou dit avoir reçu des garanties de la part de l'Ukraine.

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Un navire céréalier dans le port d'Odessa en Ukraine
Les exportations de céréales ont à nouveau repris avec l'aval de la RussieImage : Nina Lyashonok/AP Photo/picture alliance

La Russie a en effet annoncé, ce mercredi, son retour dans l’accord sur les exportations de céréales. Une annonce faite auparavant par le président turc, Recep Tayipp Erdogan, garant de cet accord avec l’Onu

"Après notre entretien avec M. Poutine hier (01.11.2022), le ministre russe de la Défense a appelé notre ministre de la Défense. Aujourd'hui, à partir de 12 heures, les exportations de céréales reprendront comme il était prévu précédemment. Vous voyez, nous ne travaillons pas régionalement, nous travaillons globalement, et nous continuerons à travailler comme tel. Et lorsque nous nous sommes mis d'accord avec M. Poutine, il nous a recommandé de nous occuper en premier lieu des pays les plus pauvres d'Afrique, comme la Somalie, Djibouti et le Soudan, ce que nous ferons." 

Samedi dernier, Moscou avait suspendu sa participation à l'accord céréalier, affirmant que sa décision avait été prise en représailles à une attaque aux drones sur sa base navale de Sébastopol, en Crimée annexée.  

L'armée russe avait imputé cette opération à l'Ukraine avec l'aide d’experts britanniques. 

Les pays occidentaux ainsi que l’Onu, avaient vivement dénoncé la suspension par Moscou de cet accord tandis que pour Kiev, il ne s’agissait que d’un "faux prétexte". 

Vladmir poutine ( á droite )et le président Erdogan ( à gauche ) à Sotchi le 5 août 2022
L'intervention du président turc a permis de dénouer la crise céréalièreImage : MURAT KULA/TURKISH PRESIDENTIAL/AFP

Des garanties de l'Ukraine

En réintégrant cet accord, la Russie dit avoir obtenu certaines garanties.

"Grâce à la participation de l'Onu, ainsi qu'à l'aide de la Turquie, il a été possible d'obtenir de l'Ukraine les garanties écrites nécessaires pour ne pas utiliser le corridor humanitaire et les ports ukrainiens désignés pour l'exportation de produits agricoles pour des hostilités contre la Fédération de Russie", estime Igor Konashenkov, porte-parole du ministère russe de la Défense. 

Quant à la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, elle qualifie de chantage la décision prise par la Russie de se retirer de l’accord sur les céréales. 

"La Russie a une fois de plus essayé d'utiliser la faim comme une arme, d'utiliser les céréales comme une arme. Et la communauté internationale, sous l'égide des Nations unies, a été claire : "Non, nous ne voulons pas d'un tel chantage. Non, nous ne croyons pas à vos mensonges", dit Annalena Baerbock.

Navire dans le port d'Odessa en Ukraine
L'accord sur les céréales a déjà permis d'exporter plus de 9,5 millions de tonnes de produits agricoles d'Ukraine, dont 40% vers les pays en voie de développement. Image : Clodagh Kilcoyne/REUTERS

Des céréales volées par la Russie

Par ailleurs, selon des enquêtes menées par des journalistes allemands ainsi que ceux du Wall Street Journal et du Financial Times, l’armée russe se livrerait à un trafic de céréales volées en Ukraine. Des camions sans immatriculation ainsi que des navires russes battant pavillon syrien, auraient exporté des milliers de tonnes de céréales volées dans des territoires occupés par la Russie. Des accusations démenties par Moscou. 

L'accord passé sous l'égide de l'Onu et de la Turquie avec la Russie et l'Ukraine, pour garantir les exportations ukrainiennes, doit permettre de répondre aux besoins alimentaires fondamentaux de 45 pays, dont 33 en Afrique, selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). 

Entré en vigueur le 1er août, cet accord arrive à échéance le 19 novembre. L'Onu a déjà appelé à son prolongement pour un an. Il aurait déjà permis d'exporter plus de 9,5 millions de tonnes de produits agricoles d'Ukraine, dont 40% vers les pays en voie de développement. 

 

Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle