Le fonds d'urgence pour l'Afrique de l'UE jugé inefficace
26 septembre 2024Le fonds européen destiné à lutter contre les causes profondes de la migration en Afrique, telles que la pauvreté, les conflits et le chômage, avait initialement un budget de 1,8 milliard d'euros, porté par la suite à 5 milliards.
Géré par la Commission européenne, ce fonds a financé divers projets à travers le continent. Mais, un audit dirigé par Bettina Jakobsen, principale auditrice de l'UE, a mis en lumière plusieurs insuffisances sur le financement de ces projets.
Les insuffisances du fonds
Parmi les insuffisances, les auditeurs de la Cour des comptes européenne (CCE), l'organe de surveillance budgétaire de l'UE, ont critiqué l'incapacité de la Commission européenne à identifier les approches les plus efficaces pour réduire la migration irrégulière, appelant à un ciblage plus précis des fonds en fonction des besoins spécifiques des pays.
La principale auditrice, Bettina Jakobsen a souligné lors de la présentation du rapport que les risques liés aux droits de l'homme n’étaient pas suffisamment pris en compte, et que les procédures de suivi des violations des droits de l'homme étaient insuffisantes.
La gestion des fonds en Libye, un point clé du rapport, a été particulièrement critiquée. L’aide européenne aux autorités libyennes, notamment la garde côtière, aurait, selon un enquêteur de l'ONU, facilité la commission de crimes contre l'humanité.
La Commission européenne a rejeté cette accusation, mais le rapport note que l’équipement financé par l’UE pourrait être détourné de son usage prévu, et que le personnel formé ne respecterait toujours pas le principe de « ne pas nuire ».
Le centre de coordination toujours pas opérationnel
Un exemple frappant d’insuffisance est celui d'un centre de coordination des secours maritimes en Libye, financé par l'UE. Et l'Italie avait été chargée en 2017 d'aider les Libyens à le mettre en place. Malgré les millions investis, ce centre n’est toujours pas opérationnel sept ans plus tard.
La Commission a néanmoins accepté les recommandations visant à améliorer la gestion des fonds, notamment en renforçant les mesures pour identifier et atténuer les risques liés aux droits de l'homme.
En réponse aux critiques, elle a souligné que le fonds avait permis le retour volontaire de plus de 73 000 migrants dans leur pays d'origine, et la création ou le soutien de plus de 11 000 emplois, principalement en Guinée et au Sénégal. En outre, 23 266 personnes ont bénéficié de formations professionnelles.